Le 27 mars dernier avait lieu, au Théâtre du Rift de Ville-Marie, un lancement d’album fort attendu par beaucoup de monde en région. C’est ­effectivement au terme de quelques années d’attente que le groupe témiscamien La baie du Sauvage nous a proposé à cette occasion son premier disque intitulé Le monstre du lac, et ce devant plus de 200 personnes.

C’est peut-être là un premier effort sur disque pour La baie du Sauvage, mais il serait erroné de croire qu’ils sont des «p’tits nouveaux» dans le paysage musical régional. La naissance du groupe, tel qu’on le connaît aujourd’hui, remonte au milieu des années 90. C’est à cette époque que Martin Bernard (voix et guitare) et Jean-Marc Lupien (guitare électrique) unissent leurs ­ta­lents pour fonder les bases du groupe. Plusieurs personnes graviteront à tour de rôle autour du duo pour finalement en arriver à l’alignement actuel. Les autres membres du groupe sont Laurent Lessard (harmonica), Steve Beauséjour (batterie) et Marc Lafrance (basse). Au quintette, s’ajoute une pléiade de collaborateurs, autant sur l’album que lors des spectacles. Car des spectacles, il y en a eu, souvent en première partie de groupes en visite pour un festival, souvent lors de fêtes populaires : au Témiscamingue, un peu tout le monde connaît, reconnaît et apprécie l’esprit festif et l’honnêteté de La Baie du Sauvage.

Le monstre du lac, c’est presque une anthologie. Certaines chansons datent du début des années 90 (L’homme, Rien qu’une), alors que d’autres n’ont été complétées que récemment (Le monstre du lac, Rivière du monde). La chose qui frappe le plus, à la première écoute, c’est la richesse de chaque composition : beaucoup d’arrangements, beaucoup de détails dans chaque instrument, beaucoup de travail dans les voix. Il devient vite évident que chaque pièce a eu droit à son lot d’attention au cours des années. Une autre source d’étonnement réside dans la qualité de la production : Le monstre du lac n’a rien à envier aux gros canons de l’industrie.

Ceux qui ne connaissent pas La Baie du Sauvage découvriront non sans plaisir la plume de Martin Bernard, auteur de l’ensemble des textes de l’album. Remplies d’humanité et d’« humaineries », les paroles nous racontent des histoires simples, mais qui nous entraînent un peu plus loin que le premier degré de réflexion. Et c’est aussi là que se trouve le talent de Martin Bernard : prendre le quotidien, l’ordinaire et le commun pour nous en parler de manière simple, mais avec une finesse, une intelligence et une capacité d’évocation qui transporte le thème choisi vers une vision plus large, vers un sentiment plus vrai. La musique juste et riche vient appuyer chaque propos et, en fin de compte, c’est de la chanson solide que nous propose La Baie du Sauvage. Le monstre du lac mérite d’être vu et entendu. Profitez-en, maintenant que vous savez qu’il existe!


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