C’est à partir d’une boutade qu’est née l’idée du roman La mémoire du lac de Joël Champetier. L’écrivain lacornois avait déclaré à des amis qu’il souhaitait écrire un roman “à la Stephen King” se déroulant au Témiscamingue.

L’idée a de quoi surprendre, mais quand on y pense, l’ambiance que dégage la région témiscamienne a peu à envier au Maine chéri du célèbre auteur américain. On peut dire que Champetier a gagné son pari, puisqu’on lui a attribué le prix Aurora en 1995 pour cet excellent thriller fantastique. Le sympathique écrivain abitibien a accepté de parler de La mémoire du lac, de sa carrière en général et de son attachement pour sa région d’origine. Champetier est né en 1957 à La Corne et il a également habité à Ville-Marie pendant quelques années.

En 2004, l’adaptation au grand écran de son roman La peau blanche a permis à l’écrivain Joël Champetier de se faire connaître d’un large public à l’échelle provinciale. Son travail d’écrivain est cependant reconnu depuis beaucoup plus longtemps par la critique, et il a écrit à ce jour une quinzaine de romans et plusieurs nouvelles littéraires. Il a aussi été nommé président d’honneur du Salon du livre de l’Abitibi-Témiscaminque en 1996.

Aujourd’hui résident de la Mauricie, Champetier voue toujours un amour sincère à sa région natale. “Il est rare que je laisse écouler une année sans faire une visite en sol abitibien, ne serait-ce qu’au Salon du livre. Les premières années, je revenais de ces séjours en versant une larme de nostalgie et j’ai longtemps fantasmé d’y retourner.”

Champetier précise que l’Abitibi a eu une influence sur son travail, et ce même si son style d’écriture n’est pas typiquement associé au milieu rural québécois. “Ça n’a sûrement pas eu une grosse incidence sur mon style; mais au niveau des thématiques, des personnages et des décors, l’influence est claire. Aurais-je situé La Mémoire du lac au Témiscamingue si je n’y avais pas habité? Même quand j’ai écrit de la science- fiction interplanétaire, est-ce un simple hasard si mon roman La Taupe et le dragon se déroule sur une planète éloignée en pleine colonisation?”

Malgré l’agréable expérience de l’adaptation d’une de ses œuvres au cinéma, M. Champetier ne croit pas pouvoir un jour répéter le tout. “Il faut dire que la plupart de mes romans ne sont pas faciles à adapter avec les budgets dont on dispose au Québec. Ça n’a l’air de rien, mais une adaptation de La Mémoire du lac nécessiterait un gros budget : il y a un incendie, des scènes d’été et d’hiver, un véhicule qui traverse la glace, etc. Mes romans de fantaisie et de science-fiction sont encore plus complexes. J’ai travaillé sur divers scénarios originaux, mais le cinéma coûte cher, et c’est la foire d’empoigne pour réussir à se faire financer. J’ai aussi travaillé pendant plusieurs mois sur une adaptation du roman Oniria de Patrick Senécal, mais ni moi ni Patrick n’aimions la direction que prenait le projet et nous avons préféré nous retirer. “

Aujourd’hui rédacteur en chef de la revue Solaris, consacrée au fantastique et à la science-fiction au Québec, Champetier prépare également un nouveau roman intitulé L’éblouissement qui devrait être publié fin 2010. ” Il s’agit d’une mystérieuse histoire d’invasion qui met en scène des gens ordinaires du coin de la Mauricie où j’habite maintenant”, conclut l’écrivain.


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