Qu’ils lisent, les jeunes, qu’ils lisent ! Bien sûr ! Quant au ton quelque peu méprisant que certains peuvent utiliser pour commenter leurs choix de lecture, j’y reviens.

J’ai toujours été perplexe face à la théorie des champs littéraires voulant que la littérature soit scindée en deux sphères : la littérature avec un grand L, et l’autre, la littérature «facile», à grande consommation. On aura beau dire ce qu’on voudra, plonger dans son imaginaire, en extraire une histoire et l’écrire est une tâche ardue. Que ce soit un roman policier, un roman de science-fiction, une biographie ou un roman fantastique, empreint de littéralité ou pas, pour les jeunes ou les adultes, l’écriture est un travail difficile.

L’engouement suscité par la saga de Stephenie Meyers ne me surprend pas (je ne parle pas ici de l’aspect cinématographique). Excepté le Dracula de Bram Stoker (1897) et l’œuvre d’Anne Rice qui présente des personnages plutôt traditionnels, le vampire se fait rare dans la littérature contemporaine, même s’il habite l’imaginaire collectif depuis des siècles. Alors rien d’étonnant à ce que les gens, jeunes et moins jeunes, soient fascinés par une nouvelle histoire qui met en scène cette créature surhumaine.

À mon humble avis, il faut être un peu borné pour ne voir dans Twilight qu’une historiette à l’eau de rose un peu cucul. Selon moi, la grande force qui y réside, c’est le renouvellement d’une figure mythique négligée dans la littérature actuelle. Un groupe de vampires qui souhaite s’immiscer et s’adapter au mode de vie humain, des vampires végétariens qui habitent une maison sans cercueils, qui vont à l’école ou au boulot, qui s’exposent au soleil sans tomber en cendres, je n’en avais jamais vu. Et si vous vous donnez le plaisir de lire la saga de Meyers, vous verrez ce qui arrive à un vampire qui «change des couches et donne des biberons à trois heures du matin».

Non seulement Meyers a modernisé la notion de vampirisme, ce qui favorise du même coup sa progression, mais son travail ne se limite pas à la réactualisation d’une figure mythique. Twilight, dans son ensemble, c’est aussi l’historique d’une confrontation entre plusieurs clans, anciens et légendaires, ainsi que l’évolution d’une formidable métamorphose : celle d’une humaine en créature fantastique. Une transformation complète et complexe. Qui n’en a pas rêvé ?

J’aime la lecture. Elle me fait basculer dans des univers étranges que je ne saurais inventer. Je suis toujours curieuse d’aller m’y promener. Et ensuite, «que reste-t-il de toutes ces lectures ?» La sensation d’avoir visité un territoire inconnu de mon imaginaire. Un livre, grand classique ou pas, c’est un billet gratuit pour un autre monde. Et non, je n’ai plus quinze ans. Oui, j’ai un petit fond romantico-fantaisiste, mais je trouve que le travail de l’auteure de Twilight est respectable. Ainsi donc, les «critiques littéraires» devraient changer de ton et lire ce qu’ils jugent avant d’en parler.


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