Oreilles sensibles s’abstenir. Si chaque œuvre de Mark Spybey est une expérience auditive unique en son genre, son 11e album sous l’alter-ego Dead Voices On Air détonne nettement avec ses créations précédentes tout en bouclant la boucle. Car on sent dans Fast Falls The Eventide la fin d’un cycle. D’abord dans le titre de l’album, tiré d’un hymne chrétien où un désespéré noyé dans un univers de ténèbres et de décrépitude implore l’aide de Dieu. Ensuite, dans son architecture sonore. À travers les 15 sections qui s’enchaînent pour en fait former une longue pièce d’une heure, l’auditeur passe de façon chaotique entre les drones mécaniques caractéristiques de DVOA à des moments nettement plus bruitistes pour ensuite sombrer dans une cacophonie de chorales vaporeuses et de séquences vocales dont la distorsion est poussée à l’extrême. Le voyage se termine par la pièce titre, dont les quelque 23 minutes d’ambiance d’une grise et glaciale beauté tranchent avec la courte durée des autres mouvements. On sent la fin d’un monde. D’un monde qui s’achève pourtant tout en douceur, mais dans un silence inquiétant. Un autre chef-d’œuvre de DVOA, qui évoque le même malaise claustrophobe que Shap, paru en 1996, et qui parviendra même à déstabiliser les vieux routiers du dark ambient. En bonus, DVOA nous offre aussi l’album Abrader, premier opus du projet, longtemps discontinué et qui n’existait qu’en cassette. Les trois longues pièces bruitistes sont accompagnées de deux morceaux inédits réalisés en collaboration avec cEvin Key (Skinny Puppy, Download, etc.). Si la qualité sonore laisse parfois à désirer, l’énergie des origines fait du bien à écouter.

 

4,5/5

 


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