« Bonsoir Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir, ici CKVM Ville-Marie. » C’est en ces termes que, le 7 janvier 1950, Jacques Demers, gérant, inaugure la station radiophonique de Ville-Marie. Les milliers de personnes à l’écoute, dans tout le Témiscamingue, le nord ontarien et une bonne partie de l’ouest de l’Abitibi, entendent le Ô Canada, suivi de la bénédiction du curé de Ville-Marie, le père Laberge. Devant un groupe imposant de dignitaires et d’invités, CKVM prend vie.

Une solide programmation est offerte dès les débuts. Entre les prières du matin et du soir, les artisans de la station présentent à la communauté témiscamienne des émissions rejoignant tous les âges, tous les intérêts. Il faut dire que la radio joue un rôle primordial, en réunissant la famille le soir venu. Trônant fièrement au salon, le poste de radio représente une ouverture sur l’imaginaire, à une époque où la télévision n’est pas entrée dans tous les foyers.

Croissance, adaptation et classiques
Au début des années 60, CKVM fait une demande au Bureau des gouverneurs de la radiodiffusion en vue de porter la puissance du poste de 1000 à 10 000 watts. On va de l’avant! Le AM 710 offre des radio-théâtres, des émissions de chansons, des émissions féminines et religieuses, de sport, traite de la vie agricole… Bref, CKVM prend son rythme de croisière et s’implante comme un instrument nécessaire au développement social et économique du Témiscamingue.

Pendant les années 70 et 80, CKVM modifie l’orientation de sa programmation pour s’adapter à la présence d’une compétitrice coriace: la télévision. On supprime « certains programmes pour ne diffuser que des émissions essentiellement radiophoniques, que le petit écran ne peut offrir en raison de sa lenteur relative et de son manque de souplesse. La radio devient une présence instantanée, un compagnon au ton détendu et agréable plutôt qu’une scène théâtrale ».

Véritable phénomène radiophonique témiscamien, le Rendez-vous du Chasseur fait partie de la programmation automnale depuis des lunes et ses fidèles se multiplient. Est-il unique en son genre? On dénombre bien une ou deux émissions en Ontario s’y apparentant. Quoi qu’il en soit, rien ne semble avoir traversé le temps comme le Rendez-vous du Chasseur, devenu une authentique tradition de la radio témiscamienne. 1

Pour qu’un projet tel que l’implantation d’une station de radio en région éloignée ne s’essouffle jamais en 60 ans, il est primordial qu’il soit supporté par des artisans œuvrant à tous les niveaux. En six décennies, au-delà de 200 personnes y ont mis la main à la pâte. Ces travailleurs de l’ombre continuent de porter CKVM et s’inspirent certainement du célèbre leitmotiv du grand Louis Bilodeau, lors de la campagne de souscription de 1952 : « CKVM nous appartient, gardons-le! ».

1Au service de la population depuis 25 ans, 1950-1975, Radio Témiscamingue Inc., p. 20.