Tous les livres de croissance personnelle vous le diront, vous devez maîtriser votre colère. Si vous la laissez vous envahir, mieux vaut dire que vous acceptez que la personne à l’origine de cette hargne ait un pouvoir sur vous. Il faut donc se libérer de cette haine. Foutaises. Certains décideront de la taire, d’autres l’exprimeront haut et fort, d’autres l’utiliseront pour créer.

C’est le choix qu’a fait Marta Saenz de la Calzada. Une peine d’amour et quelques années plus tard, elle nous livre Cœur de glace, un coffret de poèmes évoquant sa propre haine, mais aussi la haine ressentie par d’autres. Des rencontres au Centre de femmes Entre femmes et à Alternatives pour elles lui ont permis d’imaginer la douleur de l’enfance brisée et de la femme blessée, entre autres.

Processus poétique
Celle qui a remporté le Prix des libraires de l’Abitibi-Témiscamingue 2007 en poésie raconte comment ce sentiment a pu être inspirant. Permettant de créer rapidement parfois, comme dans ce poème qui débute par « Tu es absent, je te hais » écrit en 5 minutes, « Il était là et n’attendait que moi » raconte celle qui se décrit profondément latine et intense. Cependant, cet autre Le savais-tu maman?  n’a été que cette question, pendant des mois, avant de prendre forme.

Et parlons de la forme. Un coffret. Pas aussi pratique qu’on ne l’aurait cru, on s’y perd un peu avec ces pages libres. Par contre, pour ce qu’il amène de possibilités pour les lecteurs ayant envie de le bonifier d’expériences personnelles, il devient un objet intéressant, un outil.

Nous ne pouvons passer sous silence les six images d’œuvres picturales de l’artiste peintre Virginia Pésémapéo-Bordeleau. « Je créais sous le coup de l’émotion. J’étais même étonnée de voir le résultat une fois terminé », explique cette dernière. N’allez pas croire que nous n’y voyons que du noir et de gros traits rouges. Au contraire, il s’agit d’œuvres colorées. Nous sentons la haine dans la dureté des traits, par la rigueur des lignes, mais les couleurs utilisées sont très vives. « Ce qui m’inspirait était la lumière, le soleil, mais aussi les éléments naturels tels la pluie évoquée dans les poèmes », raconte celle qui partait au lendemain du lancement pour préparer son exposition à la galerie Louisa Nicol de Montréal.

Travail d’équipe
De nombreux collaborateurs ont pris part à ce projet par diverses implications : Pierre-Hugues Boisvenu qui signe la préface, France Gaudreault de Multi-Boîte Productions et de grandes artistes d’ici telles Jeanne-Mance Delisle, Margot Lemire et Louise Desjardins.

Comme la colère un jour passe, nous passons à travers ce coffret en découvrant Un éclair de chaleur, moment où la haine se transforme en espoir. Il fallait entendre Marta, lors du lancement, de son accent espagnol charmant nous réciter « Ah! Quelle jouissance de toujours haïr quelqu’un! »


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