À 38 ans, Eric Morin a vécu la moitié de sa vie à Rouyn-Noranda, et l’autre moitié à Montréal : 19-19. Ce seuil temporel et symbolique semble inspirer la démarche et l’intérêt renouvelé de ce réalisateur très «urbain» pour sa région natale, l’Abitibi-Témiscamingue.

 

Arts et urbanité
C’est dans l’univers musical qu’Eric Morin — ancien membre de la formation musicale Gwenwed — a commencé son parcours de réalisateur. «Gwenwed a été invité à Bande à part et par cette entremise, je me suis mis à faire des reportages sur la musique parce qu’ils voulaient des réalisateurs qui venaient de l’univers musical.»

C’est en travaillant à Bande à part qu’Eric a fait la connaissance de Catherine Pogonat, avec qui il a élaboré le concept du magazine culturel Mange ta ville, dont elle est l’animatrice et lui le réalisateur. Gagnant de plusieurs prix Gémeaux, ce magazine culturel intégré dans Montréal est un parcours dans la ville à travers ses artistes. « C’est une expérience unique au niveau de la liberté de création en télévision, c’est exceptionnel, la rencontre des artistes, l’échange, l’exploration des démarches artistiques. On voit ça comme un documentaire vivant qui dure sur plusieurs saisons. »

Eric Morin a toujours aimé la ville, qu’elle soit petite ou grande. «Je n’étais pas très skidoo et chalet, j’avais déjà un côté urbain même si je vivais dans une petite ville du Nord du Québec. Je viens de l’Abitibi-Témiscamingue, mais Rouyn-Noranda, c’est quand même une ville. C’est pas la campagne. C’est une ville avec la forêt et la nature à 3 minutes, mais une ville pareil.»

Des racines abitibiennes
Les projets du réalisateur, qui marquent son retour à la fiction, explorent ses racines régionales à travers des thèmes bien particuliers, comme le rapport à la machine et à la nature, l’appartenance au lieu où on est né, les racines régionales versus l’ouverture sur le reste du monde, la question de partir ou de rester… « Je veux explorer mes sources abitibiennes avec le regard de quelqu’un de totalement abitibien, mais qui vit à Montréal depuis la moitié de sa vie. Creuser profondément dans le local pour en faire quelque chose d’universel. Utiliser une imagerie mythologique abitibienne, mais m’en servir comme piste de réflexion vers autre chose. »

Partir ou rester ?
Depuis qu’il habite Montréal, Eric a gardé un contact étroit avec sa région natale, vers laquelle il revient régulièrement. « J’ai toujours su que je partirais de Rouyn-Noranda, mais j’ai toujours su que j’avais une appartenance hyper forte à ma région. »

Peu importe où l’on habite, Eric croit qu’il est important de se ressourcer, que ça soit physiquement ou virtuellement, pour prendre de l’expérience et comprendre des visions qui viennent d’ailleurs. «C’est l’ouverture sur le monde qui complète la culture régionale. Ce n’est pas que c’est meilleur ailleurs, c’est juste différent.»

Le documentaire Mutantès : dans la tête de Pierre Lapointe, réalisé par Eric Morin, sera diffusé le 21 mai à 20 h à l’Agora des Arts, dans le cadre d’une activité conjointe du Festival de musique émergente et du Festival du DocuMenteur.


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