À une dizaine de kilomètres en direction de Matheson, après avoir quitté Duparquet, on découvre sur le bord de la route 388 une tente de prospecteur plutôt insolite. Elle sert d’atelier de tannage et de fumage à Guillaume Marcotte, un artisan traditionnel qui se décrit comme quelqu’un avec un tempérament plus ou moins ermite, aimant le calme et la nature, pointilleux et perfectionniste. Bienvenue à l’Atelier du Voyageur.

 

C’est à l’âge de 10 ans que Guillaume Marcotte a commencé à s’intéresser au cuir, d’abord en défaisant de vieux manteaux, puis en étudiant divers objets d’art traditionnel autochtone que possédait le conjoint de sa mère. Vers 17 ans, il a voulu trouver des produits faits de cuir boucané, mais ses démarches n’ont rien donné, ce qui l’a mené à faire ses propres recherches.

Le tannage et le boucanage par fumage


Art issu principalement des traditions autochtones nord-américaines, le tannage par boucanage (aussi appelé fumage) est une méthode naturelle de transformation des peaux. Le poil est d’abord enlevé, puis le grain du cuir. Cela expose la fibre, élimine le côté luisant et enlève toute forme d’imperméabilité. « Il s’agit d’un travail qui n’a jamais été mécanisé par l’industrie et qui exige un long travail manuel de la part de l’artisan », dit-il. Pour tanner la peau, il utilise parfois de la cendre de bois, ce qui aide au premier grattage. Il assouplit ensuite le cuir manuellement avec un mélange de cervelle animale, grâce au gras qu’elle contient. « Ça, c’est comme la petite recette magique », ajoute-t-il.

Puis vient l’étape finale du boucanage, ce qui préserve la fibre de la peau contre le raidissement, lui permet de conserver sa souplesse et empêche la moisissure. Il ajoute : « Techniquement, c’est le boucanage qui fait le tannage, c’est-à-dire qui préserve la souplesse d’un cuir ou d’une peau. » Le boucanage s’effectue avec du bois pourri qui a été séché, cela crée un produit de plus grande qualité.

Autodidacte, l’artisan réalise toute la chaîne de production lui-même, sans aucune aide mécanique. Il peut se vanter d’avoir un produit entièrement écologique, exempt de tout produit chimique. Il fabrique la très grande majorité de ses outils et réalise même la couture et la broderie à la main. Il fait également des ceintures fléchées et des reproductions intégrales de certaines pièces de musées et de livres d’histoire, à la demande de collectionneurs.


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