Telle une outarde, Louisa Nicol n’a jamais cessé de voyager entre l’Abitibi et Montréal, au gré des saisons. Chaque printemps, depuis 26 ans, l’arrivée de la flamboyante artiste dans ses terres de Palmarolle sonne l’arrivée de la belle saison. Pour la voir, l’automne venu, emprunter des chemins plus urbains. Mais voilà qu’en 2011, cette battante de la première heure rentre chez elle pour plus qu’une saison, ce qui est une très bonne nouvelle en soi. Regard sur le parcours d’un oiseau migrateur qui retrouve son nid. 

Louisa Nicol a su très jeune qu’elle serait artiste : « Je prenais, enfant, des contrats de dessins de chevaux dans le voisinage, je réalisais des gouaches représentant les fermes des alentours et je trouvais à les vendre ! Certains voisins ont même gardé de  ces dessins. » Pas étonnant alors qu’elle fasse l’École des Beaux-Arts à Québec, pour ensuite s’installer à Montréal en 1967, où elle travaille une quinzaine d’années à Radio-Canada. Pendant 28 ans, elle enseigne aussi le dessin de modèle vivant et la perspective euclidienne à l’UQAM et dans l’Outaouais. Elle fait également du portrait à la cour lors de procès pour Radio-Canada et elle est la main du peintre joué par Yves Desgagnés dans Montréal P.Q.

À la ville et à la campagne

Pendant ce temps, chaque été la ramène à la barre de la Galerie Sang-Neuf-Art qu’elle a créée à Palmarolle. Elle y fonde aussi l’École Rosa-Bonheur, un pôle d’attraction autour duquel gravitent nombre d’artistes dans le cadre d’ateliers qui sont offerts aux amateurs d’art. L’exploration et la découverte y sont au menu et le 5 à 7 du vendredi soir, à la galerie du village, donne lieu à un accrochage éphémère. « Les participants ont alors l’occasion d’échanger avec les visiteurs sur l’expérience vécue en compagnie de l’artiste-enseignant invité. »

En 2003, Louisa Nicol ouvre l’Espace ARS LONGA, sur la rue Mont-Royal, à Montréal. « Ce lieu regroupe des artistes à l’œuvre, ainsi que des ateliers libres ouverts aux artistes professionnels. » Différentes expositions y sont présentées dont le tiers, estime-t-elle, est consacré à des artistes de l’Abitibi-Témiscamingue. À preuve, c’est l’exposition Le Portrait, réunissant 24 artistes de la région, qui inaugure cet espace en proposant le résultat des ateliers qui se sont tenus à l’École Rosa-Bonheur l’été précédent.

  

Plusieurs expositions que Louisa a présentées dans ce lieu ont permis à des artistes d’ici de se faire connaître du public montréalais, qu’on pense à Joanne Poitras, Karine Hébert, Virginia Pésémapéo-Bordeleau, Martine Savard, Christiane Plante et plusieurs autres. Elle a aussi réuni un groupe d’artistes d’Abitibi-Ouest autour de l’exposition Regard abitibien, qui lui a valu un article dans la revue Vie des arts.

   

Des projets plein les malles 

L’année 2011 marque un tournant important dans la carrière de Louisa Nicol, qui décide de s’installer en permanence dans son patelin, en conservant toutefois un petit pied-à-terre montréalais. L’Espace ARS LONGA vient tout juste d’être vendu, ce qui fait dire à l’artiste : « Le Plateau, qui connaît la plus forte concentration d’artistes per capita en Amérique du Nord, voit ses taxes municipales augmenter de façon exponentielle en raison de sa grande popularité, ce qui a pour conséquence de le vider peu à peu de ses artistes. » 

Qu’à cela ne tienne, l’effervescence artistique de Palmarolle promet comme jamais. Plusieurs activités estivales sont en préparation à l’École Rosa-Bonheur, que l’artiste veut développer davantage. Portrait libre, carnets de voyage, peinture et composition, art parent-enfant, voilà quelques-uns des thèmes qui seront abordés au cours de l’été, avec autant d’artistes chevronnés.

Restons vigilants pour la suite, puisque la cadence des événements artistiques générés par cette femme hors du commun ne ralentira pas de sitôt !

rosabonheur.com


Auteur/trice

Chroniqueuse autodidacte pour L'Indice bohémien et pour le Journal Le Pont de Palmarolle. Les sujets couverts touchent, entre autres, l'actualité, la lecture, le jardinage, le végétarisme, l'interprétation de l'objet patrimonial, les arts visuels, le portrait, l'amour de la nature et de la culture. Prix de l'AMECQ 2019 pour la meilleure chronique Notre région a cent ans.