Le camp Spirit Lake, situé à La Ferme, près d’Amos, évoque une tranche pour le moins dramatique de l’histoire locale, régionale et nationale. En effet, il est l’un des 24 camps à avoir été érigés au Canada durant la Première Guerre mondiale, ceci dans le but de détenir les ressortissants de pays ennemis.

Depuis sa fondation, en 1998, la Corporation Camp Spirit Lake travaille à protéger ce site historique et à préserver la mémoire des détenus qui y ont séjourné. Rappelant l’importance de cette tranche d’histoire, le président de la corporation, James Slobodian, dit : « Le Camp Spirit Lake était le deuxième camp de détention en importance au Canada durant la guerre 1914-1918. Près de 1 200 prisonniers, environ
200 militaires et quelques civils y ont séjourné entre 1915 et 1917 ». Monsieur Slobodian ajoute : « Les prisonniers étaient en majorité des Ukrainiens, qui comptaient pour près de 90 % des détenus, en plus d’une centaine d’Allemands et une vingtaine de Bulgares et de Turcs. Une soixantaine de familles ukrainiennes ont aussi été installées non loin du camp, dans un village (Lilienville) construit par les militaires. »

À un moment, près de 1400 personnes y vivaient, alors qu’Amos comptait à peine plus de 500 habitants. On y a aussi construit une ferme expérimentale du gouvernement fédéral, vouée à des essais sur l’agriculture en milieu nordique. À ce sujet, Nicole Catellier, la muséologue chargée de concevoir l’exposition permanente, mentionne : « L’ancienne école d’agriculture, devenue plus tard la résidence des Clercs de Saint-Viateur, surplombe le terre-plein où la majorité des installations du camp se retrouvait. C’est d’ailleurs à cet endroit que le mess des officiers s’élevait.
Comme le camp consistait en des bâtiments érigés directement sur le sol, sans fondations, il en reste très peu de traces. Avec les activités de la ferme, le sol y a été chamboulé depuis longtemps. Le seul bâtiment qu’il reste de cette époque, c’est la grange, qui a été rehaussée dans les années 1950 pour en faire une grange-étable mieux isolée. »

Ouverture en 2011
Le projet de centre d’interprétation que la corporation est à finaliser va rendre compte de cette histoire d’immigration peu ordinaire. C’est aussi le patrimoine lié à la colonisation de La Ferme et de la région d’Amos qui sera mis en valeur. C’est dans l’ancienne église Saint-
Viateur que l’exposition permanente va prendre place. « Le projet est en voie d’achèvement, l’exposition est en cours de fabrication et de montage; le centre sera ouvert au public au cours de
2011 », d’ajouter le président. 


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