Ayant grandi près de la mine et de la fonderie dans le quartier historique de Noranda, le réalisateur Simon Plouffe se rappelle avoir joué dans les sols contaminés de plomb et respiré les émissions soufre crachées par les grandes cheminées. C’est probablement ce qui l’a rendu sensible au sort des citoyens de Malartic bousculés par l’arrivée de la minière Osisko, au point de consacrer un documentaire à ce remue-ménage, L’or des autres.

L’idée de réaliser un documentaire sur la mise en place de la plus vaste mine à ciel ouvert au Canada a germé dans l’esprit de Simon Plouffe alors qu’il apprenait qu’une compagnie minière voulait déplacer un quartier de la ville de Malartic pour en exploiter le riche sous-sol. Initialement, il voulait faire de cette nouvelle un documenteur, mais devant l’ampleur de l’événement et l’importance du sujet, il décida plutôt d’en faire un véritable documentaire, L’or des autres, qu’il sera possible de voir d’ici 2012.

Le réalisateur, avec ses formations en scénarisation, production cinématographique et conception sonore, travaille sur ce projet depuis 2008 grâce à une bourse de la relève du Conseil des Arts et des lettres du Québec (CALQ).« Quand j’ai eu l’idée, personne ne tournait sur Malartic », se souvient-il. « J’ai tenté ma chance et j’ai vu le drame que ces gens vivaient. Je me suis dit qu’il fallait que quelqu’un sauvegarde cette mémoire collective pour donner un point d’ancrage aux générations futures. »

Rentabilité économique ou acceptabilité sociale?                  

Sans artifices, le documentaire présente la situation de cette population, confrontée à l’implacable Loi sur les mines, qui favorise le droit d’exploiter les ressources souterraines plutôt que le droit à la propriété. Le réalisateur, en laissant la parole aux citoyens, présente une population aux sentiments divisés alors que certains doivent faire une croix sur des éléments de leur patrimoine et que d’autres se réjouissent des opportunités d’affaire.

Au fil du documentaire, le réalisateur se questionne sur l’acceptabilité sociale d’un tel projet minier et, ne pouvant rester insensible à un événement qui vient bouleverser 3600 citoyens, il profite de l’occasion pour remettre en question les pratiques de l’industrie minière : « Le droit minier est encore très puissant aujourd’hui », explique-t-il. « Il n’a perdu aucun de ses privilèges depuis sa création en 1880. Cependant, étant de plus en plus éclairés,certains citoyens se questionnent puisqu’ils n’acceptent pas que leur communauté soit prise en otage par une compagnie minière. »

Le montage de L’or des autres tire à sa fin et la diffusion est prévue pour le début 2012 sur les ondes de Radio-Canada et de RDI. Il sera sans doute possible de voir le documentaire dans certains festivals dès l’automne 2011. Toujours intéressé par les documentaires permettant de comprendre les comportements humains, le réalisateur caresse également un projet de film de fiction.


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