Ça vous arrive d’imaginer les 400 âmes de La Motte en train de jouer du tam tam ou de faire de la peinture en mangeant des légumes bio? Cette image de terre d’accueil pour les artistes semble se propager, et ce, depuis plusieurs années. Est-ce un phénomène palpable et réel?

L’aura unique autour de La Motte s’est déployée il y a plus de 40 ans selon Margot Lemire, poète, romancière, dramaturge et artisane du développement régional qui habite la municipalité depuis plusieurs lunes. « On voulait faire venir du monde ; on n’avait pas de plan de développement, on y allait au pif !, raconte celle qui vit une vit une véritable histoire d’amour avec sa collectivité. Mais ce qu’on savait, c’est qu’on voulait créer du bonheur. Du monde heureux, ça crée et ça bâtit. » Elle ajoute qu’elle était persuadée qu’en créant un événement où tout le monde serait heureux en même temps, on pourrait faire résonner la bonne vibration au delà des frontières du village.

Cette résonance se poursuit : c’est celle de têtes d’affiche bien implantées dans le milieu et qui attirent les jeunes impliqués. Dans les années 1990, un groupe de gens ont fait la différence en mettant sur pied le Show de La Motte. Misant sur le dynamisme et espérant que ça serve d’exemple et entraine d’autres jeunes à vouloir s’établir dans le mythique village.

Le mythe du bon rural

Est-ce que La Motte véhicule une image distordue de sa réalité? Apparemment, il y aurait une version romancée du village: « On ne connait pas tout le monde, confesse l’auteure-compositrice-interprète Marie-Hélène Massy-Émond. Je ne connais pas mon voisin d’en face et je ne parle pas à la voisine d’à côté. À La Motte comme ailleurs, les relations se créent avec le temps et surtout, avec le temps que ça prend. » Selon la talentueuse violoncelliste, « il y a une grande diversité au village : on n’est pas toujours en train de jouer du tam tam et de s’conter des poèmes! »

La diversité se voit dans les activités offertes au village. La Motte est tout sauf une banlieue-dortoir où on vient se reposer après le travail. Loin d’Amos et de Rouyn-Noranda, les résidants de cette communauté semblent se créer leur propre vie sans dépendre de l’offre culturelle des villes avoisinantes. Marie-Hélène avoue sans gêne qu’elle n’est pas ébahie par les activités culturelles d’Amos et que pour elle, il s’agit d’une motivation la poussant à se dépasser pour offrir à son village des activités : « Avouons-le, c’est n’est pas toujours tentant de sortir le soir et rouler plusieurs kilomètres pour participer à une activité… »

Sans même qu’il ait été question des producteurs agricoles, des bâtisseurs de charpentes de bois et de tous les autres artisans, il est clair qu’une énergie innovatrice et solidaire permet ce foisonnement de créateurs. Une chose est certaine : s’il est difficile de cerner le phénomène La Motte, c’est avec joie qu’on reste dans le mystère, car la beauté de cette municipalité réside dans l’énigme.

Et ça continue, puisque le Show de La Motte sera de retour le 30 avril prochain pour une 16e édition. Sous une thématique fort rassembleuse, Vivons Bon’ Yeu, Les Vieux Borlots, Dylan Perron, Les Frapabords, Gylles Légaré, Marta Saenz de la Calzada, Edith Fluet, Sébastien Vivand, Louis-Philippe Gingras, Pierre-Olivier Lamontagne, Lionel Laliberté et autres feront honneur à la réputation du village le plus artistique de la région!


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