L’ancienne église devenue centre de diffusion accentue son action auprès du jeune public

Le public ne se bouscule pas aux guichets des salles qui présentent du théâtre. Qu’à cela ne tienne, l’Agora des arts a en quelque sorte décidé de prendre le problème à bras le corps et d’amorcer un patient travail de développement de clientèle en s’adressant au jeune public. La plus récente initiative de l’institution de la rue Murdoch : la présentation, ce mois-ci, d’Ubu sur la table, une adaptation du classique absurde d’Alfred Jarry proposée par le théâtre La Pire espèce.

Le projet est ambitieux : il s’agit de permettre à près d’un milliers d’éleves de l’école La Source d’aller cette pièce de théâtre d’objets mettant entre autres en vedette une armée de pains baguettes, un marteau et un batteur à œufs, dans un spectacle déjà joué plus de 700 fois en Amérique et en Europe. L’Agora a réussi un tour de force en allant chercher plusieurs partenaires du milieu dans le projet appelé « Un dollar pour un ado », ce qui a permis de réduire le prix du billet à 5$ par élève. Une demande a également été déposée à la CRÉ pour permettre de poursuivre ce projet sur 3 années supplémentaires.

Un premier pas vers le théâtre…

Fondée en 2004, l’Agora des arts s’est donné comme objectif de devenir un centre de production des arts pour les créateurs régionaux. Mais le créneau du jeune public est rapidement apparu comme un secteur où il y avait un manque. « Si les parents sont sensibilisés au théâtre, les enfants auront plus de chances d’y être également sensibilisés », de dire Jean-Guy Côté, directeur de l’Agora. Selon lui, 65% de la population adulte ne va pas dans les salles de spectacle, et les enfants y sont encore moins présents.

La programmation de l’Agora actuelle offre une série de 12 spectacles, dont 5 visent le public jeunesse et ce pendant les heures de cours. On souhaite ainsi offrir, sur une base régulière, une variété de spectacles de qualité artistique reconnues et adaptée aux jeunes, et ce peu importe leur statut social.

En 2005-2006, 35% des adolescents du Québec avaient vu une pièce de théâtre professionnel, contre seulement 1% en Abitibi-Témiscamingue. Depuis la première programmation jeunesse de l’Agora des arts, qui ciblait les 4 à 7 ans, la participation est passée de 270 élèves en 2008 à 1050 en 2010. Ces jeunes provenaient de 12 écoles et 5 garderies. L’auditoire des 8 à 12 ans est demeuré stable, variant entre 450 et 600 spectateurs pendant cette période. Cette année, les élèves du primaire auront vu la pièce La migration des oiseaux invisibles de la compagnie montréalaise Mathieu, François et les autres. L’an prochain, l’Agora prévoit offrir un spectacle pour les 2 à 5 ans, et déjà la réponse du milieu semble prometteuse.


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