Suis-je seule à planifier mes vacances en fonction des événements et festivités auxquels je veux assister? J’en doute fortement! Quand vient le temps de répartir ses journées de congé entre les foires gastronomiques et du terroir; les rodéos du bucheron, du camionneur, ou du cowboy; les villes qui se fêtent; le retour des manèges; les festivals de musique classique, traditionnelle, de la relève indépendante ou émergente; du cinéma des gens d’ici et d’ailleurs, vrai ou faux; des théâtres d’été à petit ou grand déploiement… Le temps finit immanquablement par manquer!

Assister à tous ces événements relève de la duplication morphologique ou encore de la folie. Le citoyen actif culturellement est donc appelé à faire des choix, en fonction de ses intérêts et des plages-horaire dont il dispose. Est-ce à dire qu’il y a maintenant trop d’événements en Abitibi-Témiscamingue? À quoi bon en tenir autant?

Congestion estivale

Le milieu des événements a connu un foisonnement prolifique au cours des dix dernières années avec la création d’au moins une dizaine de nouveaux festivals. Il reste pourtant certaines niches bien pointues toujours en attente de leur grande fête annuelle: arts du cirque, théâtre, improvisation, célébration des récoltes, fête des peuples bâtisseurs, musique rap, instrumentale, folk, du monde… La place est là pour qui compte bien la prendre: la preuve, c’est qu’il reste cinq journées sans événements répertorié en juillet, et deux fins de semaines en juin! Heureusement, il y a des festivals (des langues sales, des guitares du monde, des contes et légendes…) qui ont choisi de célébrer leur passion à un autre moment de l’année.

Étrangement, c’est justement pendant les huit autres mois de l’année que les habitants de la région semblent chercher des activités à faire. C’est quand la visite et les touristes s’en vont et qu’on se retrouve entre-nous qu’on a le plus besoin de se côtoyer, de se reconnaître dans nos concitoyens et, du même coup, de célébrer notre identité. Si les festivals estivaux misent souvent sur la légèreté et la simplicité, ceux qui se tiennent le reste de l’année peuvent se permettre de peaufiner leur programmation, de miser sur des créneaux bien précis et faire découvrir de nouveaux horizons à leur festivaliers. Il existe donc tout un pan du calendrier à coloniser, ce qui pourrait peut-être désengorger l’été et réduire notre impression de trop-plein culturel. Et qui sait, peut-être ces nouvelles manifestations culturelles attireraient-elles des visiteurs au-delà du 48e parallèle en dehors de la saison des moustiques, et peut-être ces touristes découvriraient-ils qu’il y a beaucoup plus à voir ici que nos magnifiques paysages et nos couchers de soleil à couper le souffle. Heureusement, la table aura déjà été mise pendant l’été, donnant envie aux festivaliers de goûter à d’autres saveurs d’ici.

Qualité plutôt que quantité?

Mais il n’y a pas que les festivaliers étourdis par la variété qui se questionnent à l’occasion sur le grand nombre d’événements qui font vibrer la région. Peu d’organisateurs l’avoueront, mais il existe une petite compétition entre les festivals, ne serait-ce pour obtenir subventions et faveurs de commanditaires, recruter des bénévoles ou encore embaucher des artistes. Certains prônent la sélection naturelle pour que s’éliminent d’eux-mêmes les événements les plus faibles, mais il existe d’autres solutions. La coopération/complémentarité en est une, principalement pour les événements de même nature ou se déroulant sur un même territoire. Autre solution, éprouvée à La Motte avec la Route du terroir: le « Small is beautiful », c’est-à-dire ne pas tenter d’être le plus gros possible, et miser plutôt sur la qualité de l’expérience en gardant l’aspect humain au premier plan. Pour avoir du succès, les événements doivent rester fidèles à eux-mêmes, et plonger profondément leurs racines dans la communauté où ils se déploient: c’est le genre d’enseignement que nous offrent les organisateurs du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

Allez, ne boudons pas notre plaisir: émerveillons-nous de la diversité des événements auxquels nous avons accès et amusons-nous.  Après tout, l’été c’est aussi fait pour jouer, comme le chantaient si bien deux énergiques marionnettes.

La fin d’une époque

L’Indice bohémien tire un trait sur ses deux premières années avec le départ de celle qui a fait l’image et la mise en page des 19 premières éditions régulières de notre journal. Régulièrement, des lecteurs nous disent à quel point notre mensuel est beau et bien construit: tout le crédit en ce sens revient directement à notre designer graphique, Mylène Cossette. Merci Mylène pour tout ce temps que tu as investi dans le montage du journal, souvent au détriment de fins de semaine et de soirées qui auraient peut-être été plus agréables si tu n’avais pas été aussi dévouée. Merci pour ta passion, ta patience et ta créativité. Bonne chance dans tes projets futurs: puisse-tu avoir le repos que tu mérites tant, et que le voyage que tu débutes avant même la parution de cette édition soit des plus exaltant. Ce fut un réel plaisir de travailler avec toi. Merci!


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