L’artiste abitibienne Jocelyne Caron présente sa première exposition solo au Centre d’art Rotary de La Sarre, du 23 juin au 28 août 2011. Mais elle n’est pas pour autant une néophyte puisqu’elle a participé à plusieurs expositions collectives, dont le fameux projet AT@MTL duquel elle a retiré un dynamisme et un élan créateur qui lui ont donné des ailes et ont nourri sa créativité.

Sous des apparences de fleurs aux couleurs vives, de paysages luxuriants, de ciels embrasés – ne vous y méprenez pas –, il se cache des mystères qu’il faudra découvrir en fouillant du regard les empâtements caractéristiques de la technique de l’encaustique que l’artiste maîtrise parfaitement depuis plusieurs années. Elle a suivi les événements de l’actualité pour laisser surgir en elle les émotions qu’ils provoquaient. Elle a ensuite découpé, déchiré, collé des bouts de phrases d’articles de journaux traitant des grands drames du monde, des fragments de photos illustrant les catastrophes de la planète, des photos des événements de sa vie. Puis, elle les a recouverts de cette cire d’abeille dans laquelle elle ajoute des pigments pour former sa palette de couleurs. D’un geste précis et nerveux, à la spatule, elle en fait ressortir des images plus douces, comme si la nature voulait reprendre ses droits et que de toute façon, même si le monde s’agite, s’énerve et s’épuise, la nature, elle, aura toujours le dernier mot. L’artiste module ses couleurs avec beaucoup de contrastes jamais discordants et esquisse des formes dans des compositions toujours bien structurées.

Du sens sous le chaos

Des titres comme Kijigong AbiNibi (ciel-terre-eau), Ici, c’est le paradis,Générosité, Eden Abitibi laissent présager un assagissement devant les événements de la vie. Une douce revanche du quotidien malgré la dureté des coups bas que la nature assène parfois et auxquels fait référence l’artiste dans des œuvres comme Haïti un pays dévasté, Désolation au Pakistan ou encore l’œuvre de l’homme, comme dans Alerte nucléaire ou Marée noire.

Alors, il faudra regarder longuement, très longuement, les tableaux de l’artiste pour y déceler les traces des émotions sous-jacentes aux images qu’elle nous livre sous un calme apparent, pour y sentir les fleurs tout épanouies devant notre regard, pour nous laisser bercer par le ressac de l’eau parfois ondulante, parfois agitée. L’art est le miroir de la société dans laquelle l’artiste vit, mais l’artiste est aussi le prophète qui nous fait réfléchir aux lendemains possibles, au choc du futur.


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