Les œuvres que Virginia Pésémapéo Bordeleau propose, jusqu’au 21 octobre, à La Fontaine des Arts de Rouyn-Noranda, sont inspirées d’un séjour de l’artiste aux États-Unis, chez les Sioux. Là-bas, elle a assisté à des cérémonies rituelles qui l’ont grandement impressionnée. La tête pleine des images engrangées lors de ces moments uniques, elle en livre de puissantes réminescences à l’occasion de son exposition Des Sioux aux oiseaux.

Il ne s’agit pas d’œuvres témoignages : l’artiste n’a pas reproduit les rituels mais elle est allé chercher, au sein de ses souvenirs et des émotions qu’elle avait éprouvées, le souffle nécessaire à la réalisation de cette nouvelle production. Toujours en continuité avec ses œuvres précédentes, celles que l’on peut voir à La Fontaine des Arts évoquent de manière très claire le mouvement. On sent le tournoiement des corps et des costumes colorés dans le champ pictural sans qu’il soit clairement identifié. Les œuvres ne sont pas abstraites mais refusent de donner leur clé, obligeant le spectateur à entrer dans les couleurs vives que l’artiste propose. Çà et là, on pense reconnaître une silhouette, une jambe, mais ce qui est véritablement présent sur les grandes toiles, c’est la traînée lumineuse et colorée des Sioux en action. Par des effets de superposition, certaines toiles traduisent le paysage, en particulier dans l’œuvre Oiseau-tonnerre, sans doute la toile la plus forte de cette série.


Danse aviaire

Virginia Pésémapéo Bordeleau a intégré à ce corpus une série de pastels de petits formats, dont le sujet est l’oiseau. Les oiseaux, silhouettes noires et schématiques, se meuvent dans un univers aux couleurs fortes et contrastés. D’abord produits en vue de la réalisation d’un vitrail, l’artiste s’est laissé emporter par le sujet. L’origine de cette série est les juxtapositions de couleurs franches qu’on y trouve. Elle n’est cependant pas en contradiction avec les choix chromatiques de la série Sioux. En effet, les couleurs deviennent plus franches dans les grandes toiles de l’artiste et sont très intenses. De plus, le mouvement, tellement perceptible sur les toiles, est présent dans les pastels. Ces oiseaux-là volent. Ils planent, ils atterrissent, piquent et redécollent. Comme si l’oiseau-tonnerre survolait les danseurs Sioux…

En ce sens, les deux séries s’intègrent parfaitement et constituent, ensemble, un choix de montage fort intéressant pour La Fontaine des Arts. \


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