Dès le 27 novembre et jusqu’à la fin janvier, le grand déménagement des habitations du quartier Sud à Malartic sera à l’honneur au Centre d’exposition de Val-d’Or avec les œuvres de Danielle Boutin-Turgeon. Peut-être malgré elle, mais assurément grâce à son talent, l’artiste malarticoise est en voie de devenir l’une des plus ardentes gardiennes de la mémoire de sa collectivité.

 

Les citoyens de cette localité ont vécu, à différents degrés, un bouleversement provoqué par le déménagement de quelque 200 maisons pour permettre l’exploitation du projet minier Canadian Malartic de la compagnie Osisko. Un aussi grand nombre de résidences déplacées vers un nouveau quartier a de quoi marquer toute une communauté. L’artiste malarticoise fait partie de ceux et celles qui furent éminemment touchés par cet épisode historique au point où elle en a fait un projet artistique qui la fait créer depuis plus de trois ans. Son projet se compose, jusqu’à maintenant, de trois volets : un livre d’estampes, des œuvres grand format ainsi que son installation urbaine permanente – où des poteaux d’électricité revêtent le nom des rues et des gravures de maisons disparues du quartier – intitulée Forêt d’an-temps, inaugurée en octobre près du mur vert d’Osisko à Malartic. Un bel héritage qu’elle lègue aux générations futures.


« Ce que j’aime avec mes différents volets jusqu’à maintenant, c’est qu’ils ne sont jamais l’aboutissement de quelque chose. Ils continuent à vivre et ils incitent d’autres personnes à créer, comme c’est le cas pour Bertrand Lessard, qui a décidé de composer une musique en s’inspirant de ma Forêt d’an-temps », confie Mme Boutin-Turgeon, qui présente, du 27 novembre au 22 janvier, Aller-retour au Centre d’exposition de Val-d’Or. Cette exposition regroupe les œuvres des deux premiers volets de son projet artistique, dont des tableaux grand format de certaines des maisons déménagées vues par l’artiste.


Personnifier ce qui n’est plus


« Toutes mes peintures sont des questions et mes maisons, je les ai personnifiées parce que, sur le terrain, lors du déménagement, elles sont devenues impersonnelles. Dans mes peintures, elles parlent à celui qui regarde et elles questionnent, comme la toile qui s’intitule Où vais-je ? » explique l’artiste, passionnée d’architecture et du patrimoine bâti abitibien. Celle-ci s’est donné comme défi de tenter d’émouvoir les visiteurs de l’exposition en utilisant peu de couleurs dans ses toiles.


« J’ai vécu tellement d’émotions lors du déménagement des maisons et j’espère en faire vivre à petites doses à ceux qui regarderont l’exposition. Une maison, ça a une âme, c’est quelque chose de tellement personnel. On travaille toute une vie pour avoir une maison. C’est quelque chose qui me touche beaucoup. Le fait d’utiliser peu de couleurs, c’est un défi, voilà tout. Je veux toucher les gens autrement et par les histoires que recèlent chacune de ces maisons », souligne-t-elle


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