À partir du 31 mars prochain et jusqu’au 20 mai se tiendra, à la salle Augustin-Chénier de Ville-Marie l’exposition De la terre cinq villages sont parus de Carole Kruger. L’artiste nous présentera à cette occasion cinq murales de terre cuite inspirées par cinq communautés du Témiscamingue : Fabre, Fugèreville, Moffet, Angliers et Laforce.

   

Depuis plusieurs années, l’artiste de Béarn s’intéresse aux communautés comme source d’inspiration, et ce projet, soutenu par le Fonds des arts et des lettres de l’Abitibi-Témiscamingue, ne déroge pas à la règle. Sa démarche s’articule en deux temps : elle va d’abord chez les gens, leur pose des questions et surtout les écoute. Qui sont-ils? D’où viennent-ils? Où vont-ils? Voilà ce qui la préoccupe et qui constitue la trame de son œuvre. Elle retourne alors dans son atelier et plonge les mains dans la matière. Littéralement.

   

Une empreinte dans la terre

   

Le matériau favori de Carole Kruger est la terre cuite, terre qu’elle pétrit et met en forme elle-même. Elle construit chacune de ses murales patiemment à l’aide de plaques de terre cuite, amoureusement colorées et assemblées. Le travail est imposant et la préparation, indispensable afin d’en arriver à un tout cohérent.

  

La terre cuite est l’une des premières matières utilisées par l’être humain pour s’exprimer. Matière utilitaire d’abord (pot et récipient), support pour l’écriture ensuite, la terre cuite, abondante et bon marché, a traversé le temps et nous parle aujourd’hui des civilisations d’autrefois. Non seulement la terre cuite garde la trace, mais surtout elle transcende le temps. « Moi, j’aime la terre parce qu’elle garde la trace », confie Carole Kruger. Il n’est donc pas étonnant que Carole Kruger explore la mémoire des communautés. Son matériau appelle la mémoire et la pérennité des choses. L’artiste devient une gardienne de la pensée, glanant amoureusement histoires et projets, les modelant de ses mains et leur donnant corps.

   

Les murales qu’elle nous propose sont comme des tissus tendus, porteurs des souvenirs et des espérances des gens. L’artiste est respectueuse d’en garder l’intégrité et soucieuse de les transmettre. C’est un travail de mémoire qu’effectue Carole Kruger, une mémoire gravée dans la terre. C’est la trame de nos vies. 


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