Roger Pellerin – Estampe – Île Népawa

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La linogravure n’a presque plus de secret pour l’œil aguerri de Roger Pellerin, qui revendique plus de 40 ans de pratique depuis sa sortie des Beaux-arts Inspiré d’un poème de Jacques Prévert, il a créé un livre accordéon (un long papier se dépliant pour révéler son contenu) à l’image de La dernière Cène de Léonard de Vinci pour M.A. L’Événement. Faire un tel livre, qui tire entre autres ses origines de l’Antiquité et de la civilisation inca, demeure un défi en gravure, puisqu’il faut travailler l’image sur le long. Si ce n’est pas le premier livre accordéon que l’artiste réalise, celui-ci revêt un aspect particulier. « Ça fait 20 ans que je pense à ça en lisant Prévert. Au début, mes idées étaient choquantes, mais j’ai fini par respecter mon sujet », explique celui qui a imaginé un métier à chacun des 12 apôtres. Dans La Cène de Pellerin, ceux-ci se voient auréolés d’une assiette à l’effigie de leur profession. Ironiquement, suite à la création de son œuvre, le graveur a découvert que dans celle de Vinci, les apôtres n’avaient pas d’auréole.

  

Michel Drapeau – Bois – La Sarre

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Il n’y a pas que le bois que le Lasarrois fait tourner: ses créations aussi tournent, partout en région et à l’extérieur de ses frontières depuis maintenant 40 ans. Sociologue de formation, c’est pourtant dans le domaine de la construction que Michel Drapeau a œuvré avant de se consacrer totalement à son art. La finesse et la précision que demande le tournage sur bois ont façonné cet artiste discret. « La forme et les couleurs, c’est ce qui m’inspire à transformer la matière. » Lui qui a d’abord tâté la sculpture sur pierre et sur bois avant se diriger vers le tournage sur bois participe pour la deuxième fois à M.A. L’Événement. « J’aime les arts, voir le travail des autres, et présenter ce que je fais de plus beau est toujours une fierté pour moi, que ce soit ici ou à Montréal. » Les œuvres de M. Drapeau se retrouvent d’ailleurs un peu partout : sept bancs de parc en pierre incrustés de gravures ornent le parc Saint-André à La Sarre.

   

Diane Lemieux – Céramique – Val-d’Or

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Selon la Valdorienne, son goût des belles choses lui viendrait probablement de sa profession d’esthéticienne, qu’elle a quittée il y a quelques années pour se consacrer à la pratique des arts. Sa fascination pour la culture japonaise viendrait quant à elle de ses 14 ans de pratique du karaté. C’est finalement la création artistique qui relie tout ça. Artiste depuis de nombreuses années, Diane Lemieux ne s’adonne à la poterie Raku – qui signifie « le bonheur dans le hasard » en japonais – que depuis cinq ans. Cette technique consiste à faire cuire les pièces dans un four à l’extérieur jusqu’à ce qu’elles deviennent rouges, puis de leur faire subir un choc thermique en les enlisant dans la cendre. « On ne sait jamais ce que ça va donner. C’est ce qui est intéressant. Aussi, ça fait craquer les pièces, leur donnant un air vieillot. J’aime ça les vieilles affaires… Ça doit être parce que je suis vieille », ajoute, le sourire dans le regard, celle qui présentera entre autres un service de thé japonais lors de cette exposition.

  

Suzanne D. Dubé – Broderie norvégienne – Amos

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Celle qui n’a jamais été douée pour la couture, le tricot ou la broderie, n’a pourtant pas hésité à laisser tomber un emploi stable dans le domaine des finances pour consacrer tout son temps à la broderie norvégienne. Depuis 2002, la vie de Suzanne D. Dubé est parsemée de points comptés et de fils tirés afin de répondre aux nombreuses commandes qu’elle reçoit. Et elle ne pourrait en être plus heureuse. Auto-formée à l’aide de revues spécialisées, elle maîtrise l’art de la broderie linéaire et symétrique que demande cette technique. Pourtant, c’est une pièce loin de la tradition Hardanger qu’elle présente à M.A. L’Événement. « J’ai voulu sortir des sentiers battus, me laisser guider par l’inspiration et à la toute fin, étrangement, j’ai découvert que ma pièce ressemblait à la forme de l’Abitibi », raconte l’artiste, tout en expliquant que pour cette création, elle a brodé ensemble deux tissus de teintes différentes auxquels elle a ajouté des boutons de bois et des franges pour rendre le tout plus rustique. Si elle participe pour une deuxième année à M.A. L’Événement c’est, entre autres, parce que l’édition précédente lui a été bénéfique tant au niveau de la création que du nombre de demandes de formation qu’elle a reçues. 

  

Sylvie Poulin – Verre – Val-d’Or

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Lors d’un séjour méditatif dans un monastère du sud de la province, Sylvie Poulin observe les vitraux de l’endroit, mais ce n’est qu’à son retour, quelque part sur la route 117, que l’idée d’en faire elle aussi lui vient. Elle fait alors des recherche sur Internet afin de trouver quelqu’un qui pourrait lui enseigner cet art, puis tombe sur Diane Dessureault à Bastican, qui depuis lui sert de mentor. La vitrailliste accumule les contrats et les occasions de créer au cours de la dernière décennie, portant à 1000 le nombre d’œuvres qu’elle réalise durant cette période. Une de ses créations orne la chapelle de l’église Saint-Martin de Malartic, et une autre peut être vue au tout nouveau théâtre Meglab du même endroit. Inspirée à l’artiste par la nature, l’intégration de divers matériaux – éléments végétaux et minéraux – rend ses créations uniques, tout comme celles qui seront présentées à M.A. L’Événement. « C’est la vitrine pour les métiers d’art en Abitibi. Il faut y être et éduquer les gens sur ce que c’est que la transformation de la matière », explique celle qui justement éduque les gens en leur offrant des cours de vitrail. 

  

Catherine Dubé – Céramique – Amos

  

La carrière de Catherine Dubé a, malgré son jeune âge, connu de beaux succès depuis son retour en région à la suite de sa technique de métier d’art en céramique du Collège de Limoilou: détentrice du prix d’excellence en art des commissions culturelles régionales, co-propriétaire pendant un temps de la galerie d’art La Garette à Amos, sélectionnée pour plusieurs expositions et surtout co-fondatrice de M.A. L’Événement en 2010. Si sa production artistique a déjà été prolifique, elle l’est pourtant moins depuis quatre ans, puisque l’artiste est occupée à « produire des enfants », blague la jeune femme enceinte. Lorsque le temps le lui permet, elle aime toujours créer et explorer de nouvelles avenues; en ce moment, c’est la translucidité qui l’inspire le plus. L’événement en métiers d’art revêt une grande importance pour la céramiste, et permet de montrer que la production régionale en est une de qualité. « Les gens ont tendance à aller à l’extérieur, comme si ce qui s’y trouvait était plus intéressant ou plus original qu’ici. » 

  

Éric Robert – Joaillerie – Rouyn-Noranda

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Fraîchement débarqué en sol abitibien pour y suivre son amoureuse, le jeune Montréalais s’est retroussé les manches et a fait d’un de ses rêves une réalité qui se nomme aujourd’hui la boutique Macalaure. La petite galerie ayant pignon sur rue à Rouyn-Noranda, en plus d’offrir les créations de l’artiste, présente des artisans de partout au Québec et pas seulement en joaillerie. « J’ai toujours voulu faire la promotion des arts ; à 16 ans, je voulais faire un site Web pour en vendre », explique l’artiste, qui est heureux de découvrir un milieu culturel plus ouvert aux autres et moins compétitif que dans la métropole. Ayant toujours été attiré par les arts, le jeune Éric est passé d’une pratique du dessin et de la peinture à la joaillerie, et travaille aujourd’hui l’argent, l’or et les bois exotiques. « Je travaille avec tout ce que je peux couler en argent; aussi j’intègre de plus en plus des bois canadiens parce qu’il y a une demande pour ça », raconte celui qui présentera un gros bracelet aux lignes épurées lors de l’exposition. 

  

Marc Boutin – Céramique – Val-d’Or

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Ce n’est pas l’artiste qui a découvert la matière, mais bien la matière qui a découvert l’artiste ; du moins, c’est comme ça que ça s’est passé pour Marc Boutin. Alors étudiant à l’université en cinéma d’animation, il devait choisir un cours optionnel en arts. « J’ai choisi le cours de céramique, parce que ça prenait du matériel que je n’avais pas chez moi, en me disant que si c’était pour faire des assiettes j’allais le lâcher. Finalement, j’ai pris tous les cours que je pouvais dans ce domaine. » Depuis son retour en région, il s’applique à peaufiner sa création tant en peinture qu’en sculpture, en cinéma d’animation, en écriture ou en céramique, en proposant des personnages réalistes au style naïf. Et il enseigne, aussi: « Enseigner la céramique, ça me force à aller dans des endroits où je ne serais peut-être pas allé tout seul, ça me confronte et me permet de voir d’autres techniques », explique celui qui, jusqu’à tout récemment, ne savait pas qu’il se qualifiait en métiers d’art. « Ceci dit sans mépris, je croyais que les métiers d’arts c’était plus des objets utilitaires, mais dans le fond ce qui est important c’est la personne qui regarde l’œuvre et la définit. »

  

Katia Martel – Joaillerie – Obaska

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La production joaillière de Katia Martel se divise en trois volets: répondre aux commandes qu’elle reçoit, faire de la production pour les salons d’artisans et faire de la production artistique plus éclatée, comme c’est le cas avec ce qu’elle propose pour M.A. L’Événement. « Quand je suis écœurée de faire des bagues à 50 $, je fais des œuvres plus éclatées, je diversifie, donc je ne m’écœure jamais. J’aime faire des contrats de remodelage parce que je vis le contact avec le client, mon côté sociable est content, mais j’aime aussi me retrouver seule à faire des tests dans mon atelier. » Les bijoux qu’elle propose pour l’exposition demeurent des œuvres portables, mais de dimensions exagérées. Des petites œuvres portables dans un cadre où le corps humain devient les murs d’une galerie d’art. « En n’étant pas à Montréal, je ne suis pas en contact avec les leaders de l’art contemporain tous les jours; c’est important pour moi d’y retourner et aussi de me réseauter », comme elle le fait avec M.A. L’Événement, qu’elle co-dirige cette année. 

  

Francyne Plante – Sculpture – Val-d’Or

lesjardinsafleurdepeau.com

  

Le parcours de Francyne Plante est parsemé de contradictions et d’oppositions, passant d’une période « granola » où elle était bergère et travaillait la laine, à une autre beaucoup plus libérale de vendeuse d’assurances et de conseillère financière où la création ne faisait plus partie de sa vie. Suite à des ennuis de santé, son médecin lui conseilla de faire du jardinage et de l’art, ce qu’elle fit et fait toujours, mariant même les deux dans Les jardins à fleur de peau qu’elle a ouverts avec son conjoint, le sculpteur Jacques Pelletier. « Pour moi, l’art c’est thérapeutique, c’est bon pour la gestion de la douleur, donc je ne peux pas m’en passer. » Autre dualité: l’artiste sculpte à même un des matériau les plus viril, la pierre, ses impressions de la féminité. Elle entrevoie sa première participation à M.A. L’Événement comme une belle visibilité pour les artisans, mais surtout comme une occasion d’échanger avec d’autres artistes. « C’est le fun de pouvoir voir des approches différentes, c’est enrichissant pour nous. » 

  

Mathieu Gnocchini – Maroquinerie, ébénisterie – Amos

nocdesign.com

  

La sylviculture traditionnelle devrait étudier la science de l’arbre, mais aussi son aspect artistique, et c’est justement pour celui-ci que Mathieu Gnocchini a graduellement laissé sa profession d’ingénieur forestier pour se consacrer à temps plein à la maroquinerie et à l’ébénisterie. En 2006, cet Estrien a installé ses pénates à Amos après y avoir été séduit par le son de la neige sous ses bottes. Depuis, il a travaillé les détails de ses créations, allant du choix de ses fournisseurs à la qualité de ses matières premières, assurant ainsi une plus grande qualité à ses produits. Si, au départ, ses œuvres étaient distribuées dans plusieurs boutiques du Québec, du Canada et de l’Europe, il a maintenant fait le choix de se concentrer principalement sur le marché régional en diversifiant son offre et en bichonnant ses clients. Si celui qui présentera lors de l’exposition trois sacs en cuir avec pièces de bois précieux incorporées a décidé d’y participer et de s’impliquer dans le comité, c’est parce qu’il a aimé la première édition. « Le dynamisme des participants, l’originalité et la qualité des produits se démarquaient des autres événements. » Finalement, Mathieu Gnocchini met toujours nos forêts en valeur, mais à sa manière.

 


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