Stéphanie Chalut occupe les deux petites salles du Centre d’exposition d’Amos. Elle nous offre deux propositions, à la fois proches formellement mais distantes du point de vue du contenu. 

Au premier niveau, la peinture s’allie à l’installation et invite le spectateur à un voyage dans le temps. Jeu de société pourrait s’apparenter à une série de traces laissées par un criminel ou même à une série d’indices laissés par le passage du temps. L’histoire liant ces éléments s’est perdue. Il ne reste au regardeur que des supputations, des suppositions, des hypothèses à échafauder. Cependant, on est tenté d’aller du côté de l’histoire tant ces indices concernent notre histoire collective et évoquent notre passé colonial.


L’exposition Les solitaires, au second niveau, frappe au premier abord par la banalité des images. Des points de vue inintéressants de lieux vides et banals. Or, cette proposition de Stéphanie Chalut gagne beaucoup à être observée plus attentivement. Dans cette salle, il y a de quoi s’assoir. Profitez-en car c’est seulement après un moment que les oeuvres se mettent à nous parler. Seul le temps nous permet de nous rendre compte de l’angoisse profonde qui émane de ces peintures. On s’aperçoit progressivement de l’extrême recherche des points de vue adoptés par l’artiste et l’absence totale d’êtres vivants dans les compositions devient étouffante.


Paradoxalement, les oeuvres du second niveau colorent celles du premier. Lorsque l’on redescend, on se trouve dans l’obligation de revisiter Jeu de société. À ce moment-là, les peintures nous parlent plus fort que les objets de l’installation et deviennent quasiment autonomes. On dirait presque une troisième proposition.


Cette exposition se poursuit jusqu’au 11 novembre prochain.


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