Le livre des faces, c’est le nom que je lui donne… J’ai appris récemment qu’un milliard de personnes utilisent ce réseau social. Un être humain sur sept! Monstrueux! On commence à les compter tout de suite : un, deux, trois, quatre… À ce rythme, ça prendra plus d’une trentaine d’années pour atteindre ce nombre astronomique. Et on aura fait que compter… Combien faudra-t-il de vies pour prétendre à un milliard d’amis?


Nous y lisons que ce que l’on veut bien nous montrer. Nous ne pouvons nous y saisir dans toutes nos dimensions : avec tous ces travers qui façonnent nos reliefs, notre personnalité, notre être. Toutes ces dimensions qui font de nous autre chose qu’une image. Cette mécanique électronique a ses limites qui, ajoutées aux nôtres, rendent les contacts superficiels ou disons moins vivants. Ici, je fais attention. Mes doigts glissent doucement sur les touches… Je ne voudrais choquer personne, sachant que le sujet est délicat… Parce que Facebook fait maintenant partie de notre quotidien autant que le café…


Tu ne m’appelles plus. Je n’ai presque plus mémoire du timbre de ta voix. Mais tu envoies des messages, des invitations, à moi et à tes centaines d’amis… Comment vas-tu? Comment est ta voix? Est-elle fatiguée? Enjouée? Enrhumée? Où est-elle ta voix dans ce milliard d’instantanés en concert? Et ta voie, sur l’autoroute électronique, comment s’y retrouve-t-elle?
Parce que nous sommes de moins en moins ensemble. Parce que, pour beaucoup, nous avons un rythme de vie à la limite du supportable. Parce que nous croyons devoir être productifs à tout prix. Parce que nous ne prenons plus le temps pour l’autre. Parce que tout est immédiat, que rien ne dure. Parce que les souvenirs n’ont plus de racines et les rêves se déploient malhabilement dans le cyberespace. Parce que, malgré tous ces moyens de communication, nous sommes isolés comme jamais des humains ne l’ont été… Seuls et uniques devant nos claviers, nous plongeons nos esprits dans le livre des faces.


Maintenant coté en bourse, on y pratique le profilage facial. Nos goûts, ceux de nos «amis», nos partages, nos j’aime : tout est enregistré. Tout ce que nous voulons bien y montrer… Et on mettra la publicité du produit qui nous convient, là où ça convient. Il faut bien vendre.

Je vous écris ce que je ressens en ce matin frisquet. C’est vrai qu’on peut retrouver de vieilles connaissances et garder un contact serré avec nos amours éloignés. C’est vrai que ces médias ont servi aux révolutions arabes et de façon très efficace au mouvement étudiant du printemps dernier. C’est grâce à eux également que le matricule 728 est devenu une vedette! Tout cela est vrai, mais moi, je préfère dire J’aime en personne et vous 🙂 en personne. C’est mon tweet de ce matin…
Joyeuses fêtes en personne!


P.S. Soyez rassurés : aucune des phrases écrites dans ce texte n’a plus de 140 caractères même si, prises une à une, elles ne vous diront rien…


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