Renée Robitaille, conteuse depuis 14 ans, a une dizaine de publications et de spectacles à son actif. Elle fait des tournées en Europe trois à quatre fois par année et a reçu le Prix du public Plume de Paon 2012 pour le disque Le temps des semailles paru en France chez Oui’Dire. Elle a aussi été lauréate du Prix OFQJ en 2007 avec son spectacle Hommes de pioche. Cette fois, elle nous présente Le Chant des Os.


Évelyne Papillon : Comment le conte Le Chant des Os est-il né?
Renée Robitaille : Monter vers le nord était la suite logique après Hommes de pioche. Alors que Robert Bourassa parlait de la Baie James comme du projet du siècle, que 185 000 travailleurs ont donné leur vie et sacrifié leur famille pour LG2, pour les Québécois, c’est un sujet tabou. Il y a des Français et des Japonais qui montent ici voir ce projet. On est dans les extrêmes. J’ai voulu aller là-bas voir comment vivent les Cris. Le billet d’avion pour Radisson coûtait 2000 $ : on peut aller en Afrique pour ce prix-là! Je suis partie six-sept jours à la Baie James et ça a été extraordinaire. J’y suis retournée avec le cinéaste Jean-François Dugas, et j’y ai rencontré une vingtaine de personnes. J’ai extrait les bouts qui me touchaient le plus de ces entrevues et j’ai créé des personnages à partir de ça. Les thèmes sont : l’isolement, le territoire, les relations hommes-femmes, père-fille et le travail. Les Abitibiens devraient s’y reconnaître, car on y parle aussi de femmes ayant des métiers d’hommes et d’histoires de chasse. Étienne Loranger m’accompagne au piano et à l’accordéon sur scène. Par sa musique, il crée un paysage, une atmosphère, un territoire, un espace. Nous avons travaillé ensemble de façon exploratoire pour créer les textes et la musique. C’est une façon de travailler plus longue, mais que j’ai préférée. L’histoire épouse vraiment la musique.

É.P. : Vous allez présenter Le Chant des Os, Contes coquins et Gros biscuit (conte familial) à Toronto au FOOL Festival. Est-ce une première pour vous d’aller du côté ontarien?
R.R. : C’est ma première invitation à Toronto, mais je suis allée à Ottawa et en Saskatchewan. Je suis contente quand je vois que le réseau s’élargit et aussi d’aller dans des communautés qui ont accès à peu de choses en français. À Toronto, il y a une grande communauté francophone et francophile. Les gens ont faim de français. C’est un moment touchant et intense, car cela rejoint leurs attaches profondes, leur langue maternelle. Les contes seront en français, mais pour les Contes coquins, je glisserai quelques mots en anglais pour être dans la complicité, comme les expressions à double sens.

É.P. : Quels sont vos projets pour 2013?
R.R. : Je ferai une résidence de création en France pour explorer avec un coach le thème des ogresses. Des livres pour enfants vont sortir et aussi le livre-disque Le Chant des Os. Je serai aussi porte-parole pour le Festival des contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue qui se déroulera du 21 au 26 mai (passeports-cadeaux disponibles : fclat@fclat.com)


Note : Renée Robitaille est en tournée dans la région pour présenter Le Chant des Os le 4 décembre à Rouyn-Noranda, le 5 décembre à Val-d’Or, le 6 décembre à La Sarre et le 7 décembre à Amos.


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