Je suis une fille du Nord. Le vent du sud me pousse au nord. Au nord de quoi, me direz-vous? Nous sommes toujours au nord de quelque part! Je voudrais être au nord du Nord, dans ces grands espaces polaires illimités, sans frontière, ce désert blanc immaculé; marcher vers l’horizon, vers l’immensité où règnent un silence glacial et la quiétude, que seul le vent vient troubler. Mais me voilà au sud de ce Nord. Mon Nord à moi!


(Ne vous en faites pas, je n’ai pas perdu le nord!) C’est que je n’ai pas encore trouvé celui que je cherche, même si j’aime bien celui-ci. Dans cette immensité nordique, au 48e nord, près du 49e parallèle, ce n’est pas encore la toundra, mais… la beauté sauvage du début de la taïga. En ce pays que j’ai fait mien, la vie se déroule au fil des quatre saisons, avec ses attraits distincts. Il fait bon y respirer son air frais la nuit, même l’été.


En parcourant la campagne où les montagnes se font rares, nous pouvons regarder à des dizaines de kilomètres devant nous. Alors, un sentiment d’espace, de sans limites, de liberté nous envahit. Je suis nordiste. J’aime ce pays, la simplicité de son paysage qui s’offre à nous généreusement, avec son manteau tout rapiécé de forêts, de lacs, de rivières, de champs de colza, de blé, et de pâturages parsemés de fleurs sauvages.


Dans cette immensité qu’est le Nord, nous nous sentons plus près du ciel. Certains jours, il nous semble pouvoir atteindre les cumulus du bout des doigts. Le firmament, d’un bleu magnifique, projette une lumière unique avec ces particules lumineuses sous le soleil. Cette atmosphère nous enveloppe, nous éclaire, tôt le matin, tardivement à la fin du jour. Sa luminosité exceptionnelle attire les cinéastes et les photographes. Que dire, quand vers l’ouest, le soleil s’endort doucement, en annonçant le temps qu’il fera demain! Quel admirable spectacle de couleurs éblouissantes modifiant le paysage de ses multiples nuances!


Comme l’écrivait Francine Turbide, écrivain public : «Celui qui n’a jamais vu la lumière rosée d’un soir d’été riche des promesses du lendemain, tendant l’oreille pour saisir ce que les huards racontent à leurs petits, en humant les parfums secrets des forêts boréales, celui-là, pauvre lui, n’a pas connu mon pays…»
Je suis une fille du Nord, une fille de l’Abitibi.\


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