L’Écart… lieu d’art actuel recevra du 24 janvier au 23 février 2014 le travail de Francis Boivin.  Sous le titre Construire l’espace, l’artiste proposera des œuvres à la fois photographiques et sculpturales.

Détenteur d’un baccalauréat en arts et design (concentration arts visuels) obtenu en 2009 de l’université du Québec en Outaouais, l’artiste a comme intérêt premier la photographie. Il travaille depuis quelque temps la notion de 360o.  En effet, ses photographies sont le résultat de 70 prises de vue qui finissent par former, dans son atelier, une vue à 360o. 

Le 360o n’existe pas pour nos yeux.  Notre vision naturelle se limite à 180o.  Le 360o est le résultat d’un balayage visuel doublé d’un mouvement physique et rend compte d’un hors champ perpétuel.  Il y toujours quelque chose derrière nous, quelque chose dont on peut présumer l’aspect mais que nous imaginons toujours, car là peut se cacher une menace, un danger. Il y a donc, dans ces images, la coexistence du champ et du hors champ, le résultat d’un mouvement obligatoire.

Ces images ne sont donc pas naturelles et, à l’instar de la fonction panoramique de nos téléphones intelligents, elles ont toujours un aspect de composition.  Francis Boivin peaufine ses images en ateliers, les réfléchit, les mature, les questionne.  Comme  pour les artistes de la Renaissance, l’image est construite et constitue le résultat d’un patient travail d’assemblage. La prise de vue n’est que la première étape d’un lent processus de création.  C’est d’ailleurs ce qui lui permet de se mettre physiquement en scène dans ces images.  À force de les travailler, il peut revenir sur les lieux afin de jouer un rôle inspiré de l’univers de l’image et ainsi s’incorporer à l’histoire de l’image.  En ce sens, la photographie est détournée: ce n’est pas l’objectivation de la réalité mais une réalité construite, totalement subjective.

Parallèlement aux images photographiques, Francis Boivin offre maintenant de voir les machines à prise de vue.  Comme les images sont le résultat d’un mouvement (d’un panoramique réel), l’artiste construit des machines à construire les images.  Fonctionnelles ou non, ces machines tentent de rendre compte du processus de la prise d’image.  Le faire devient accessible et est mis en relation avec les images photographiques. Il y a double déplacement, physique et mental, la machine et l’image.

L’intérêt de l’exposition Construire l’image est l’actualisation que Francis Boivin fait de la notion de construction mentale de l’image.  Notre cerveau construit sans arrêt la réalité dans laquelle nous évoluons, et même sans stimuli, il complète, interprète, invente même très souvent.  Construire l’image en est une prise de conscience.


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