Voici une dictée pour s’amuser en se cultivant. Tentez de réécrire ce texte en flairant le sens des mots gras et soulignés afin de les remplacer par ceux du quotidien. Ensuite vérifiez votre réussite avec le dictionnaire. 

Malthus le vendeur ambulant

Lors de notre enfance nous le voyions venir deux fois l’an et, toujours, dès potron-minet.  On lui donnait quelque quatre saros d’âge. Il paraissait un peu chenu avec le physique d’un échalas au visage turgide et au crâne chauve à en décourager les totos. À chacune de ses tournées nous avions l’impression qu’il portait toujours les mêmes godillots passablement éculés.  Il était mi-mendiant sans sa sébile et mi-marchand ambulant.

Aucun villageois  du comté ne le considérait comme un horsain si bien qu’il ne craignait point d’être cravaté par la rousse.  Il marchait lentement sans cavaler, se permettant à l’occasion le pas de l’oie, question  de provoquer les vaches pour entendre leurs clarines sa musique préférée. Certains prétendaient qu’il avait beaucoup bourlingué dans les vieux pays d’où son accent lusophone. On ne lui connaissait aucune famille même s’il se vantait d’être le culot familial. Considérant son nom et son absence de progéniture, le notaire du village alléguait qu’il pouvait être un adepte du malthusianisme.

Il portait péniblement trois ou quatre valises contenant tout un bataclan comprenant son saint-frusquin,  son en-cas avec un sempiternel jésus tout près de son inséparable eustache et, évidemment, toute sa bimbeloterie à vendre; il s’agissait surtout de marmousets et de matriochkas mêlés à des nanars et des ersatz.  Parfois il arrêtait pour se reposer sur une grume derrière un hallier pour pignocher un quignon partagé avec quelques pierrots sans omettre sa petite rincette finale. Le soir venu il créchait chez des clients devenus ses amphitryons, ne prenant jamais de portion léonine à table.

Vendre était, pour lui, bête comme chou.  Sa présentation était toujours la même afin d’éviter de se gourer ou de blouser les acheteurs. Il n’aimait pas pérorer et évitait de tarabuster ou de chouraver sa clientèle, bémolisant au besoin en échappant rarement quelques postillons. Il servait un peu d’échotier pour les dernières nouvelles cantonales. Si le client était hostile, il quittait gentiment sans décaniller. Les habitués espéraient le recevoir à la fin de sa tournée car, alors, il acceptait de brader ses dernières broutilles.


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