Dès les premiers instants, j’ai vu que j’étais en compagnie d’un coopérateur convaincu et surtout convaincant, incarnant les valeurs de prise en charge, de solidarité et de transparence. Michel Lahaie est copropriétaire de la ferme laitière familiale depuis plus de 50 ans. Il s’est impliqué dans plusieurs projets pour lesquels on le sollicitait pour ses convictions et sa capacité à s’exprimer, à dire les choses.

Bien qu’il soit un homme d’affaires, il se dit de gauche, socialiste et croit que la coopération est une façon de civiliser le capitalisme sauvage. Pour lui, c’est une façon de commercialiser qui devrait amener de meilleures conditions de vie pour les membres ainsi que pour les gens qui travaillent dans ces entreprises coopératives.

C’est dans cet esprit qu’il accepta la présidence de la Coopérative agricole d’Amos en 1981. La coopérative avait à ce moment un projet fort prometteur sur la table : un abattoir. Le projet fut mis en place mais, malheureusement, la conjoncture économique et le manque de vision régionale des politiciens de l’époque ont eu raison de ce projet qui ferma ses portes en 1984. Encore aujourd’hui, il est convaincu que cette infrastructure manque à notre région.

Parmi ses diverses implications, notons qu’il fut administrateur de Promutuel L’Abitibienne à deux reprises : de 1980 à 1989 ainsi que de 1992 à 2013. Il est encore aujourd’hui impliqué dans la Coopérative de services agricoles de Belcourt, laquelle travaille à un projet de commercialisation du foin.

Qu’est-ce qui motive cet homme de 70 ans? La transformation des produits agricoles de chez nous, combat qui perdure depuis toujours dans notre région et qui, encore aujourd’hui, semble pris entre la logique économique, la volonté politique et le fait que les terres de l’Abitibi-Témiscamingue soient aussi bonnes qu’ailleurs. Ce qui lui fait dire que tout projet agricole d’envergure comme un abattoir, une laiterie ou un centre de mise en marché doit se faire avec des leaders qui voudront bien coopérer et permettre à un plus grand nombre d’en profiter.

Ce genre de projet peut permettre à des personnes ou à des entreprises de mieux réussir, de créer de la richesse. Michel Lahaie a toujours milité en faveur de la création de richesse équitable : « Si ton voisin s’enrichit, c’est aussi bon pour toi ! » La transparence étant une valeur des coopératives, cette forme d’entreprise peut rétablir une équité parmi ceux et celles qui croient à la coopération et qui y font des affaires.


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