La 8e édition du Festival des Langues Sales (FLS) a été un pur plaisir. La Sarre est sortie du 26 au 28 février, pour  une fin de semaine à en oublier l’hiver.  L’ambiance était si chaleureuse, la musique tellement bonne et les humoristes complètement fous.

Le Festival a été ouvert par le classique 5@7 qui a été animé cette-fois-ci par les sympathiques Franc et Ringo. Les musiciens locaux populaires ont interprété un best of des éditions précédentes. Ils n’ont pas manqué d’inclure les compositions d’autres artistes abitibiens, de quoi satisfaire, dès les premières heures de l’édition, une vocation chère aux organisateurs : mettre la lumière sur les artistes d’ici.

Il y eu ensuite le match d’improvisation des étoiles de La Sale Ligue d’improvisation de La Sarre, avec des joueurs un peu déchainés et hyper créatifs, une salle pleine à craquer et des éclats de rire à avaler sa bière de travers.  Chers lecteurs, soyez rassurés, il n’y eu pas de blessé, mais de la joie dans l’air.  Et toute la veillée, Franc et Ringo, de retour, ont transformé la joie en gaité, en continuant à jouer.

Plus de 700 festivaliers ont honoré l’évènement incontournable de la petite ville.  Certains sont venus d’autres villes d’Abitibi-Témiscamingue, notamment pour supporter leur représentant lors du « Concours de bitchage de villages ». Le divertissement préféré des habitués du FLS a accueilli le nombre record de 225 spectateurs, nous apprend Mme Valérie Larochelle, présidente du festival.

C’est M. St-Vital (Daniel Mercier) qui, avec un excellent sens de la répartie et l’art de jongler avec les mots, a remporté le prix du meilleur défenseur de son « patelin ». Fier de l’aéroport de ce dernier,  il vient d’un vrai village, lui au moins.   Contrairement à M. Lac Dufault, alias M. Câlin, alias Maurice Duclos, grâce à qui les gens de Rouyn-Noranda se méfieront désormais avant de boire l’eau du robinet. Si vous étiez présent, cher lecteur, vous comprendrez pourquoi, de même que vous saisirez sans peine comment Mme Ste-Germaine (Jérémy St-Jean) a laissé dans l’imaginaire de l’assistance un Ste-Germaine féminin, peuplé de vaches, de saints seins et de gentilles dames filant la laine sur un rouet. Dans tout cela, n’oublions pas la charmante Mme St-Mathieu de Harricana, qui n’est d’autre que Marie-Eve Guidon. Elle a si bien raconté sa cité que son maire devra faire face à un afflux de touristes certain l’été prochain.  

Le concours fut plaisant, autant pour le public que pour les « bitcheux ». Ces derniers ont trouvé leur combat d’esprit très amical et collaboratif. Paradoxalement, M. St Vital nous confie avec hargne qu’il s’est fait un plaisir de détester Ste Germaine. « J’apprécie la sagesse du public abitibien qui a su voter pour le plus merveilleux des villages » ajoute-t-il. Pour Mme St Mathieu, artiste pluridisciplinaire MEG, l’expérience fut intense et formatrice : « Étant habituée à d’autres formes d’improvisation que le punch, le bitchage m’a sortie de ma zone de confort, ce qui est constructif. J’encourage les gens à découvrir l’événement, car derrière son appellation superficielle se cache un spectacle de qualité, inspiré et fort instructif ».

Toujours du côté théâtral, le spectacle humoristique du 8e FLS a permis à l’assistance de découvrir les talents de trois humoristes de la relève. Ils étaient bien talentueux, au point d’offrir aux jeunes présents dans la salle un cours d’éducation sexuelle non intentionnel mais oh combien efficace (sourire). Une femme humoriste, un humoriste engagé et un autre absurde. Telle est la formule que concrétise depuis cinq ans Derrick Frenette, porte-parole du festival, en organisant la soirée d’humour. Étant lui même humoriste à Montréal, il recrute les talents dans son cercle. M. Frenette se dit ravi d’être encore une fois du party. Il estime que le comité du FLS est sa famille adoptive et qu’il prend un plaisir sincère à être ambassadeur de l’évènement. « Je n’ai pas l’impression de travailler, mais d’être en vacances. Le festival me permet aussi une mise à jour culturelle », explique-t-il avec son habituelle bonne humeur. Selon le porte-parole, les artistes invités du FLS apprécient particulièrement l’accueil qui leur est réservé. Il constate enfin avec joie que la programmation ne s’essouffle pas au fil des éditions. Il y a donc des chances que les spectacles de 2016 soient aussi bons que cette année.

« Le festival fut plein de surprises, même pour le comité organisateur », nous apprend la présidente Mme Larochelle. «  Fanny Bloom qui devait jouer samedi soir a malheureusement eu un empêchement majeur. C’est Lubik qui a accepté de la remplacer à la dernière minute. Nous étions touchés et très contents de voir que notre milieu nous soutient. Je crois que les lassarois se sont approprié le festival. C’est devenu leur événement ».

À la fin du spectacle de Lubik, Alexandre Picard, guitariste et chanteur du groupe, nous raconte tout enjoué, qu’il faisait une randonnée dans le bois vers 15h, quand il a reçu l’appel du FLS. « Nous étions heureux de pouvoir répondre à l’invitation le jour même. C’est rare de plus que nous soyons libres une fin de semaine. Nous avions joué au FLS en 2011 et c’est super de revenir aujourd’hui après avoir évolué ».  Reconnus à présent sur la scène rock québécoise et ayant un 1er album à leur actif, les membres du groupe trouvent cela important de participer au festival qui leur a fait confiance à leurs débuts. Sans oublier que le Bistro La Maîtresse, scène du festival, a accueilli dans son sous-sol les premières Jam sessions des jeunes musiciens, souligne Alexandre avec émotion, soucieux de ne pas oublier ses racines.

Et ce n’est pas tout pour la musique. Le groupe Valdorien Nanochrome a également joué samedi. Il s’est démarqué avec son rock indie doux et éthéré. Les spectateurs l’ont fort apprécié. Deux autres concerts ont fait danser la foule vendredi soir, jusqu’au petit matin : Docteur V, un band de Rouyn-Noranda, avec du rock à tout déménager, dans un style trash digne des langues sales, et les Tavarneux, avec du rock folklorique festif, se rapprochant, selon les commentaires du public, de la musique de Mon onc’ Serge ou de Bernard Adamus.

Concernant la prochaine édition du FLS, Mme Larochelle nous a mis au parfum : « La prochaine édition devrait faire place à des activités familiales. Il y a deux ans, nous voulions organiser un cirque, mais nous avions eu un contretemps. Je pense que ce sera pour l’année prochaine ». La présidente exprime, au nom de son équipe, la fierté de rendre possible un festival au concept original : « Le festival a son identité propre. Il anime la ville dans une période plutôt calme. Il donne la parole à des groupes bruns, engagés, dérangeants et provocateurs ».

En effet, cher festival.  Il a fallu que tu sois là pour qu’un touriste, venu spécialement à La Sarre pour te découvrir, crie aux Docteur V : « Je veux du rock saaaale ! », avant de s’évanouir, ivre de… musique. Rendez-vous en février 2016, cher festival, chers lecteurs et chères lectrices.


Auteur/trice