De Ki8e – le 8 se prononce comme un w dans les langues de la famille algonquienne – qui signifie « Retour aux sources », Ki8etan fait référence au vent du nord, là d’où viennent les ancêtres. Le nom  a été donné par l’aîné de Pikogan Oscar Kistabish, et le groupe tenait à conserver le symbole 8 dans le nom, question de partager cette particularité de leur langue.

Ki8etan s’est formé lorsque Lisa Gagné, ex-membre du groupe de chants et tambours Odaya, de Montréal, est venue s’établir à Val-d’Or. Désirant poursuivre sa passion pour la musique, elle s’est mise à la recherche de complices locaux qui partageaient cet intérêt.  Elle a alors rencontré Pascale-Josée Binette, Roxanne Mianscum-Lizotte, Étienne Gignac et Éliane Kistabish. Ki8etan était né.

Cela faisait très longtemps que le tambour habitait chacun d’entre eux, mais c’est l’arrivée de Lisa qui a été l’élément déclencheur, et le début de quelque chose de très important. Leurs séances de tambours et de chants sont avant tout un moment qu’ils s’accordent pour partager leur culture entre eux et avec leurs enfants, explique Pascale Josée Binette.

Les musiciens utilisent le tambour à main qui est habituellement fait de peau d’orignal ou de chevreuil. Ce tambour, qu’on appelle un te8egan, est un objet sacré dans la culture autochtone : « Il est à l’origine de tous les sons du créateur, tout ce qu’on peut entendre dans la nature, du battement des ailes de la perdrix au bruit de l’eau qui coule dans le ruisseau. Ces sons sont sacrés, et nous ramènent au premier son que l’on entend dans le ventre de notre mère, le son du cœur », raconte Éliane Kistabish.

Les chants que performent Ki8etan sont des chants traditionnels autochtones qui ont diverses origines. Chaque chant a son histoire propre. Il peut être une prière, un récit, ou une simple mélodie.

Ki8etan représente bien cette recrudescence, cette réappropriation de la culture autochtone depuis un certain temps par une nouvelle génération dynamique qui est fière de ses origines et qui veut s’affranchir d’un passé s’apparentant à une espèce de grande noirceur. « Dans le passé, les tambours ont été détruits, brûlés… Nos grands-pères, nos pères ne pouvaient plus en jouer car ils étaient considérés comme des objets diaboliques.  Ils devaient se cacher pour utiliser les objets sacrés. »  Ki8etan leur permet ainsi de renouer avec leur culture et de la faire revivre, par les chants des ainés et leurs enseignements. 

Les membres se considèrent comme des ambassadeurs de la culture autochtone. Avec leurs chants et les tambours, ils veulent vivre, valoriser et partager leur belle culture et briser les barrières de l’ignorance et de l’injustice.

Ont-ils l’intention de porter le projet plus loin? Pour le moment, leur objectif est de prendre plus de temps pour se réunir et créer leurs propres chants : « On aimerait se donner le temps de faire des résidences artistiques dans la forêt! » Quand je leur demande où et quand on pourra entendre ces fiers ambassadeurs, je me butte à un « Chut, c’est un secret…! Chaque prestation est une surprise! » Il faudra donc être à l’affût. Parions que fréquenter quelques pow-wow cet été pourrait s’avérer un bon départ pour entendre ces douces voix rythmées par les Te8egan. \


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