Carmelle Adam est directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or et présidente de l’Association des Centres d’exposition de l’Abitibi-Témiscamingue.

Quelle nouvelle 14 centres d’exposition du Québec ont-ils apprise le 1er avril dernier par voie de communiqué du ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCCQ)?

Le 1er avril dernier, le Ministère annonçait par communiqué de presse qu’il confiait désormais au Conseil des Arts et des Lettres du Québec (CALQ) le mandat et la responsabilité de l’intervention gouvernementale de 14 centres d’exposition répartis au Québec.

Quelles sont les répercussions directes de ce changement d’affiliation ici en région?

Cela touche 4 centres d’exposition en Abitibi-Témiscamingue, soit le Centre d’Art Rotary de La Sarre, le Centre d’exposition d’Amos, le Centre d’exposition de Val-d’Or et la Galerie du Rift à Ville-Marie. Dans les faits, près de 30 % de cette mesure à l’échelle du Québec est absorbée par notre seule région, soit 4 centres sur 14 centres répartis parmi 7 autres régions.   

Cela affectera-t-il les subventions versées pour le fonctionnement des organismes?

C’est le statu quo pour l’année en cours (2015-2016). Par la suite, les modalités de reconnaissance, d’attribution et de versements ne sont pas encore connues. Cependant, nous savons que le CALQ fonctionne par jury de pairs. Ce qui signifie que l’aide au fonctionnement est versée suite à une analyse de dossiers et peut donc fluctuer d’une année à une autre, ou au pire, être retranchée.

Quelles sont les recommandations que vous auriez souhaité faire au Ministère?

À l’instar des multiples secteurs touchés par les directives gouvernementales, c’est l’absence de consultation et de dialogue qui est dénoncée. Des changements de cette nature, sans préavis ni collaboration du milieu, fragmentent le milieu muséal en région mais aussi dans l’ensemble du Québec. L’Abitibi-Témiscamingue fait figure d’exception en ayant plusieurs centres d’exposition sur son territoire, positionnant l’institution muséale comme un service de proximité au sein de la collectivité. Plusieurs modèles de gestion priorisant le développement régional et l’excellence muséale auraient pu être envisagés si nous avions été consultés préalablement.

Avez-vous des inquiétudes par rapport à ces changements?

Avant tout, il y a deux préoccupations : la première étant la conservation du statut d’institution muséale pour les centres d’exposition ciblés et la deuxième, la reconnaissance du mandat muséologique des centres d’exposition multidisciplinaires diffusant l’art, l’histoire et les sciences.  Historiquement, le CALQ est reconnu pour le soutien à la création artistique et à sa diffusion. Quel sort sera réservé au mandat muséologique des centres d’exposition permettant la diffusion d’expositions de divers champs d’activité tels l’histoire, le patrimoine, l’ethnologie ou la science? Une planification de programmation se fait 2 à 3 ans d’avance. C’est difficile d’honorer nos engagements contractuels dans un contexte d’incertitude.

Comment la Société des Musées du Québec (SMQ) à laquelle vous êtes affiliée depuis des années a-t-elle réagi?

La Société des musées du Québec a réagi en émettant un communiqué de presse confirmant le transfert permanent des sommes budgétaires du MCCQ vers le CALQ qui représentent 10 % de l’enveloppe consacrée au fonctionnement pour l’ensemble du réseau des institutions reconnues et soutenues au Québec. La SMQ confirme qu’aucun centre d’exposition n’avait été consulté ni même informé de ce transfert et affirme qu’aucune recommandation n’appuie ce changement majeur. Je suis reconnaissante envers la Société des musées du Québec et son directeur, M. Michel Perron, de dénoncer cette situation.  

Comment entrevoyez-vous les prochains mois et l’année 2016?

Tous les efforts possibles seront faits pour maintenir nos acquis et poursuivre nos missions au sein de nos collectivités.  \


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