Dans le royaume du Québec, Sa Majesté Couillard se prépare pour la fronde d’une bonne partie de la populace. La chambre du trésor est vide, dit-il, le peuple doit faire des sacrifices, surtout ceux qui ne font pas partie de la cour et de la hanse des banquiers et des marchands. La foule défilera dans les villes et cités, avec, on l’espère les maîtres d’école au premier rang. Il reste des forteresses à prendre. Comment se comportera le peuple? Se joindra-t-il au chahut? Suivra-t-il alors les écrits et discours de tant de bonimenteurs? Ou sera-t-il envouté par les spectacles des saltimbanques cathodiques qui se demanderont qui a la plus belle Voix? Probablement que ce sont les chevaliers sur glace bleu, blanc et rouge qui retiendront encore le plus l’attention. Quand ils gagnent, il n’y a plus de problèmes.

 

Hydro-Québec, maîtresse de la fée-électricité, veut encore plus jouer les grippe-sous. Il n’y a pas si longtemps, elle servait encore le peuple, donnant chaleur et lumière à un prix fort raisonnable. Mais les deux derniers hivers ont été rigoureux, l’énergie du vent coûte cher, semble-t-il, les nouvelles machines installées aux chaumières aussi, et il faut payer les immenses cathédrales de la Romaine, en attendant que les sujets de l’Oncle Sam aient besoin de l’électricité. En attendant, ils s’attaqueront aux poches des sujets, au détour d’une ruelle. René des Bois Lévesque se retourne dans sa tombe. Et plusieurs grands seigneurs d’Hydro quittent depuis quelque temps : ça sentirait le soufre d’un glauque scandale!

 

Dans le royaume voisin, le Canada, Harper, grand prince, raconte et racontera à ses sujets qu’une longue campagne était nécessaire. Pour débattre des enjeux, paraît-il, avec profondeur et sérieux. C’est sans avouer que ses coffres sont mieux garnis que ceux de ses adversaires, qu’il peut tenir très longtemps la bataille. Il a envoyé des chèques saupoudrés d’or juste avant le combat, mais qui deviendra pyrite une fois les percepteurs d’impôts passés. Sir Mulcair, son opposant d’Orange, prétendant au trône, se fait le preux défenseur du Québec. Il a une baguette magique qui lui permet de changer son discours selon la langue de son public. N’oublions pas qu’il a combattu les chartes, codes et actes qui protègent le français au Québec. Dans ce tournoi à trois, Trudeau le second, fils du chevalier noir, celui qui a mis des gens au cachot sans raison il y a longtemps, fait de son mieux pour rester sur sa monture. Il compte sur son nom, béni au Canada parlant anglais. Et le revenant, Sieur Duceppe, sorti de son ermitage, irremplaçable au fond, tente de faire revivre les jours heureux de son clan.

C’était mon conte, pour l’automne qui vient. Mais dans le réel, refusons les histoires de Bonhomme Sept-Heures, celles à dormir debout ou les contes de fées magiques. Oui, il est encore bon de rêver à quelque chose de différent. Nous avons une histoire, il reste à écrire les prochains chapitres, par le vote, la rue, l’action. \


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.