En danse, un chassé-croisé est une figure au cours de laquelle les partenaires passent alternativement l’un devant l’autre. Prendre un café avec Brigitte Toutant et Alexandre Castonguay ressemble à une chorégraphie verbale au cours de laquelle l’artiste introvertie et le showman volubile me présentent, chacun à sa façon, leur nouveau projet, Boomtown sur la lune– murale littéraire. Ce sera une murale, un masque artistique sur fond d’alu, une mosaïque de mots tantôt mate, tantôt lustrée, des lettres qui deviennent une image à l’image de chacun de ses observateurs, « un thermomètre à sentiments », de dire Alex. De la main de Brigitte, des allusions au quotidien superposées – une pile de vaisselle, des casseroles, des visages d’enfants – ces dernières entremêlées avec le texte d’Alex à propos de la magie du quotidien, destiné à son fils.

 

Or, au-delà de la puissance de la poésie, comment concrétiser une telle œuvre malgré un financement restreint? En plus des bourses déjà reçues, les deux artistes comptent sur un sociofinancement plutôt original afin de rendre ce projet davantage communautaire, pour que chacun des donateurs puisse se sentir propriétaire de cette murale qui embellirait le Vieux-Noranda en mai 2016. Sur le site d’Indiegogo et pour des prix variés, vous pouvez « acheter » un slow ou une ride en pick-up avec le droit de vous coller sur Alex [!!], ou bien devenir le propriétaire d’une section découpée du masque ayant servi à la réalisation de la murale. Leur objectif : obtenir 10 000 $ issus de la campagne de sociofinancement, qui s’ajouteront aux 35 000 $ déjà récoltés par différents partenaires. « On n’avance pas tant qu’on n’a pas la totalité de la somme », mentionne Brigitte, en soulignant que l’art est en quelque sorte retenu en otage par des obstacles d’ordre économique.

 

Le projet s’ajoutera à l’axe central du Boomtown, là où se trouvent le Petit Théâtre, le FME et la nouvelle aire de repos de l’aréna, entre autres. « Il faut qu’elles se parlent ces œuvres-là… Il faut décloisonner les genres, collaborer, défaire les frontières », insiste Alex. Faire de cette murale de 20 pieds par 20 pieds « une échelle de mesure pour qui on est ». Le public a jusqu’au 17 novembre pour contribuer à la campagne de financement. \

 

 

 


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