Du lendemain de son élection à son investiture, monsieur Trudeau aura parfaitement maîtrisé sa communication. Cette machine à communiquer s’est retrouvée dans le métro de Montréal très tôt le 20 octobre. (Une machine dans le métro, cela n’a choqué personne !) Toujours est-il que M. Trudeau campait là, proche du peuple, décontracté, souriant, dynamique, pétant la forme, en train de serrer la main des usagers du métro et de les remercier d’avoir voté pour lui. Deux semaines plus tard, il formait un cabinet représentatif du Canada, car ses ministres n’ont pas tous la même foi ni le même sexe. Ni les mêmes origines ethniques ni la même couleur des yeux. Ni le même teint ni la même forme de nez. Ni les mêmes aptitudes physiques ni la même orientation sexuelle. La photo de famille du nouveau gouvernement suinte la diversité à plein nez. Tout ça, c’est absolument très beau.

Toutefois, je crois (et c’est là une intime conviction) que notre premier ministre aurait pu faire mieux. C’est que je suis dans la vraie vie, donc je rêve. Dans mon rêve, M. Trudeau nomme un prestataire de l’aide sociale au ministère du Revenu national. Un jeune bourlingueur aux Affaires étrangères. Un ancien (pour la crédibilité) sans-papiers à l’Immigration. Un prestataire de l’assurance-emploi à l’Emploi. Vous me direz que ça n’a aucun bon sens. Je vous l’accorderai volontiers. Mais c’est le même principe qui aurait présidé à la composition d’un tel cabinet. Je n’ai fait que substituer à la diversité sociologique de M. Trudeau une autre diversité sociologique, plus proche du concret du social, pour parler comme Marx. Vous ne trouvez pas ma diversité convaincante ? Alors, demandez-vous pour quelles raisons elle ne l’est pas et vous comprendrez que la diversité de M. Trudeau n’est que communication. En attendant, le monde ne sera déjà plus le même. \


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