C’est à la mi-novembre qu’ont débuté les premiers tournages de la toute nouvelle émission culturelle De l’atelier à la boutique. Réalisée par PierLuc Létourneau de TVC9, cette série d’émissions est une idée originale du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, qui souhaitait faire connaître davantage les artistes et artisans de la Boutique des arts CULTURAT ainsi que leurs techniques de création. Ce projet nous permet ainsi de voir des artistes et artisans d’ici à la télévision et de nous détacher un peu de la vision montréalocentriste des chaînes de télévision nationales.

 

Nous savons déjà qu’en tant que peuple, si nous ne nous voyons jamais représentés à l’écran, que cet écran soit grand, petit ou très petit, nous tombons directement dans la définition du colonisé, notre psyché collective devient malade. Nous en arrivons à ne pas pouvoir nous définir par rapport à ce que nous vivons et à notre réalité, mais nous le faisons en lien avec un paradigme qui nous est étranger et qui parfois ne rejoint pas du tout notre univers propre. Triste paradoxe pour les colonisateurs et bâtisseurs que sont les gens d’Abitibi et les gens du Témiscamingue. C’est d’ailleurs la plus fondamentale des missions que se donnent les radios (certains se souviendront de CIRC-FM) et télévisions communautaires. Elles émergent de la communauté, parlent de la communauté et s’adressent à la communauté. En ce sens, TVC9 joue un rôle capital chez nous, tout comme la Fabrique culturelle de Télé-Québec le fait avec sa section Abitibi-Témiscamingue sur le Web.

 

Comprenons-nous bien, l’ouverture sur le monde et d’autres réalités est fondamentale et plus que nécessaire. La série De l’atelier à la boutique, que nous pourrons voir dès la mi-janvier, vient quant à elle combler un autre besoin fondamental, celui de se reconnaître soi-même. C’est donc à travers des artistes de partout en région comme Caroline Arbour, Jacques Pelletier, Martine Savard, Saltarello et une dizaine d’autres que nous pourrons constater que la richesse de notre territoire ne tient pas seulement qu’à sa vastitude, ses sols agricoles, ligneux et minéraux, sa diversité humaine, son histoire, sa jeunesse, son expérience et ses maisons d’enseignement, mais aussi à la qualité de ses artistes visionnaires et novateurs.

 

À titre d’exemple, lors de la première mouture de ce programme, vous assisterez à la rencontre entre le réalisateur PierLuc Létourneau et l’artisan en maroquinerie (conception d’accessoires en cuir) Mathieu Gnocchini. Vous en apprendrez donc davantage sur les sources d’inspiration de cet artiste, sur ses préoccupations, sur son parcours et sur ce qui fait la valeur et la particularité de cet artisan, et ce, à travers la visite de son atelier. Mais ce n’est pas tout : entre la mi-janvier et la mi-mai 2016, vous verrez des images de l’ensemble de notre territoire et des entrevues de fond avec autant d’artistes et d’artisans de disciplines de tout acabit, allant des métiers d’art aux arts visuels, en passant par la musique et la littérature. On prévoit réaliser 17 émissions au total.

 

C’est donc un rendez-vous hebdomadaire, des entrevues de 25 minutes à placer à votre agenda, pour faire changement de Pénélope Mc Quade, Éric Salvail, Guy A. Lepage, etc. Parce que pour mieux comprendre notre monde, il faut avoir une grande variété de points de vue. \


Auteur/trice

Artiste multidisciplinaire et cinéaste indépendante, Béatriz Mediavilla est née en 1972 à Rouyn-Noranda, où elle demeure toujours. Détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études cinématographiques, elle enseigne le cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Parallèlement, elle a notamment réalisé l’ouvrage collectif multidisciplinaire Ce qu’il en reste : dialogue artistique sur la mort (2009), et a publié Des Espagnols à Palmarolle dans Nouvelles Explorations (2010) et dans Contes, légendes et récits de l’Abitibi-Témiscamingue (2011). Elle a également publié Entre les heures dans Rouyn-Noranda Littéraire (2013). Danse avec elles, son premier long métrage documentaire a connu une belle réception et a été présenté dans différents festivals, entre autres, à Montréal, Québec, Toronto et Vancouver, mais aussi La Havane et New York. Son deuxième long métrage, Habiter le mouvement, un récit en dix chapitres, a aussi été présenté dans plusieurs festivals dans le monde. Il a remporté entre autres, le prix du meilleur documentaire de danse au Fine Art Film Festival en Californie, meilleur long métrage documentaire au Utah dance film festival et le prix de la meilleure oeuvre canadienne au festival International du Film sur l’Art de Montréal. Son plus récent court métrage Axiomata, a aussi été sélectionné dans différents festivals à travers le monde.