En janvier, le comité logement d’Amos et l’ALOCAT (Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue) présentaient partout en région le documentaire Les invisibles. Cette tournée visait à inviter la population à discuter de logement social.

En effet, le comité logement d’Amos a reçu en 2014 du financement du Fonds québécois d’initiatives sociales afin de réaliser un documentaire sur le logement social et c’est le fruit de ce travail qu’il présentait à la population. Réalisé par Jonathan Levert, le film d’une vingtaine de minutes présente de nombreux intervenants et citoyens prenant la parole pour démontrer les difficultés que peuvent vivre les locataires et l’avantage qu’apportent les logements sociaux. D’ailleurs, le sous-titre du film est « le logement social comme moyen de sortir de la pauvreté ». Dans une région ressource comme l’Abitibi-Témiscamingue, un boom minier n’apporte pas que des bons côtés. La hausse du coût de la vie (prix des logements et du panier d’épicerie, entre autres) et la grande pénurie de logements désavantagent fortement les locataires, surtout les moins nantis d’entre eux. Comme le fait remarquer Louise Graveline, intervenante à la maison Mikana, les logements se font si rares que plusieurs locataires acceptent des conditions d’habitation « qui n’ont pas d’allure ». Une locataire en rajoute : « Même on connaissait nos droits, on n’oserait pas les faire appliquer dans les circonstances actuelles. »

Pourtant, se loger décemment fait partie des besoins de tous les humains. « Le Québec et le Canada ont tous deux signé un protocole de l’ONU qui dit que le logement, c’est un droit fondamental. Mais, bizarrement, ni le Québec ni le Canada n’ont inclus ce droit-là dans leur charte des droits et liberté », constate Bruce Gervais, coordonnateur de l’ALOCAT.

Les mauvaises conditions de logement génèrent des problèmes tant physiques que psychologiques chez les locataires qui les subissent. « La qualité de vie des citoyens, ça commence par un logement qui est décent, qui est convenable et qui est abordable. Si vous payez un logement selon vos moyens, vous pouvez avoir des activités, être en mouvement et voir des gens », soutient Martin Briault, chargé de projet principal du Groupe de ressources techniques Ungava-AT. Les avantages du logement social sont détaillés par plusieurs intervenants. Une locataire les énumère : « Ça me permet d’apporter les soins de bases à ma fille, de ne pas juste survivre, mais d’avoir un minimum de qualité de vie. Ça me laisse le temps de souffler, ça agit sur le sommeil, sur l’alimentation, sur la santé… »

Selon les données de 2013 du défunt Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, il y a environ 1 550 logements sociaux en région. Or, comme le précise l’ALOCAT, alors qu’en moyenne au Québec on compte un logement social pour 9 logements privés, ici c’est plutôt un logement social pour 14 privés. Il en manquerait donc au minimum 1000 pour rattraper ce retard.

Les invisibles est sur Youtube et peut être visionné ci-bas. \