Je m’intéresse de plus en plus au hockey, surtout depuis le 20e des Huskies de Rouyn-Noranda. On a mis le grappin sur la Coupe du président, quelle année c’était ! Vous y étiez ? Depuis, une autre raison me pousse à m’intéresser aux arénas, lieux où la magie des grands patineurs s’opère. Avez-vous remarqué cette murale colossale qui donne maintenant une tout autre allure à l’aréna Jacques-Laperrière ? Difficile de manquer ces soixante-quatorze panneaux de quatre par huit pieds, qui forment l’œuvre Énergies. Une autre réalisation s’inscrivant dans la démarche CULTURAT.

 

Au printemps dernier, la Ville a fait un appel de projets aux artistes de la région pour se doter d’une murale de grand format sur un bâtiment municipal. Quatre idées d’envergure ont été déposées au conseil municipal. Peut-être vous dites-vous que quatre projets, c’est peu, mais gardez en tête qu’il faut avoir tout un bagage de connaissances pour faire une si grande murale ! Une expertise qui n’est pas donnée à tout le monde !

 

Plusieurs critères devaient être respectés : la faisabilité, l’intégration au bâtiment, l’embellissement, l’esthétique ainsi qu’une référence à l’aréna Jacques-Laperrière. Le quartier ayant une vocation culturelle avec le Centre d’exposition, la bibliothèque et le Théâtre du cuivre, l’œuvre ne devait pas être politique, violente ou sexiste.

 

Un jury de onze personnes composé de citoyens, de gens d’affaires, de conseillers et d’artistes a délibéré. Leurs idées se sont confrontées, tous ont eu droit de parole. Leur choix s’est arrêté sur la maquette de l’artiste en arts visuels Karine Berthiaume. Maintenant, il fallait réfléchir au moyen de concrétiser le projet : le choix des matériaux, le format, le budget, l’échéancier et l’équipe.

 

« Ce n’est pas facile de travailler avec de la grosse tôle rouge ondulée et de rendre beau un aréna sachant que la marque de commerce de Rouyn-Noranda est l’audace avec le FCIAT, le FME et Ma Noranda », explique Ariane Ouellet, artiste en arts visuels et chargée de projet pour la Ville de Rouyn-Noranda.

 

L’équipe, composée de Karine Berthiaume, Ariane Ouellet, Valérie Hamelin et Omen, une rockstar de la murale à Montréal, a créé le projet en quatorze jours dans un atelier prêté par la Ville. Après trois jours d’installation, Énergies a pris vie.

 

Énergies, c’est une pièce contemporaine qui porte à réflexion sur toutes les forces en action sur un territoire, faisant qu’il se développe. C’est le déploiement des énergies. Sur la murale, on observe des branches, de l’eau, des formes géométriques, des bâtiments en construction, reflétant le dynamisme de la région. Pour son clin d’œil à l’aréna, Karine Berthiaume a choisi d’intégrer une petite partie du visage de Jacques-Laperrière, grand joueur de hockey qui a fait la Ligue nationale.

 

« Les gens vont devoir réfléchir et regarder encore et encore, parce que ce n’est rien de publicitaire ni de premier degré, d’où l’intérêt de l’art public. On regarde et on apprivoise. Un dialogue doit s’établir », nous dit Ariane Ouellet.

 

Est-ce qu’Énergies fait l’unanimité ? Non ! Mais l’art public sert justement à faire bouillonner les opinions !

 

« Quand tout a été finalisé, on a traversé la rue pour regarder l’œuvre et c’était complètement irréaliste ! C’est vraiment un accomplissement ! C’est un projet de fou ! C’est grâce à un effet contaminant d’enthousiasme et de confiance dans ce que la culture apporte à une ville que ce projet a pu voir le jour », affirme Ariane Ouellet.

 

Énergies donne le ton pour une première grosse murale à Rouyn-Noranda, mais les gens d’affaires peuvent aussi emboîter le pas pour d’autres projets de murales moins dispendieux. Le but est de remplir nos murs d’œuvres de toutes sortes ! Un guide fait par l’artiste Ariane Ouellet est d’ailleurs disponible gratuitement sur le site Web de la »Ville. Et si… la ville de Rouyn-Noranda devenait une galerie d’art ? \


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