Faire découvrir aux gens du pays d’accueil la vie et les rêves de ceux venus d’ailleurs crée un pont entre les différentes cultures, permet une meilleure connaissance de l’autre et, en définitive, facilite l’intégration et la cohabitation des gens de différentes origines.

C’est ce à quoi contribue également le cercle de lecture qu’a mis sur pied La Mosaïque à l’automne 2016. Chaque premier mercredi du mois, à 18 h 30, à la salle Pauly de la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda, un groupe de lecteurs passionnés de découverte littéraire se réunit. Chaque mois, les lecteurs ont à lire une œuvre d’un nouvel auteur qui leur est présenté par un membre du cercle. À l’automne 2016, des auteurs du Vietnam, de la Chine et d’Haïti ont été à l’honneur. À l’hiver 2017, les auteurs qui seront lus et dont discuteront les participants au cercle littéraire de La Mosaïque sont japonais, congolais et chiliens. Nul besoin d’être membre de La Mosaïque pour assister à ces activités. Tous peuvent se joindre au cercle à tout moment.

L’auteur présenté le 1er février par Fednel Alexandre, Haïtien d’origine, est Sony Labou Tansi, un dramaturge, poète et romancier congolais. Le thème de la discussion sera : « Mots et maux du pouvoir ». Ce choix est aussi une façon de célébrer le Mois de l’histoire des Noirs. Ceux et celles qui veulent participer à cette rencontre et lire le livre dont il sera question, La Vie et demie, peuvent s’adresser à La Mosaïque pour se procurer gratuitement le livre.

Retour sur décembre

Lors de notre dernière rencontre, le 7 décembre dernier, les quatorze participants du Cercle ont échangé sur des œuvres d’Edwige Danticat, une auteure d’origine haïtienne établie aux États-Unis qui écrit en anglais et dont les œuvres sont traduites en français. La discussion a porté sur deux romans ayant pour titres Pour l’amour de Claire et La Récolte douce des larmes.

Tonia Dominique, l’intervenante en accueil de La Mosaïque d’origine haïtienne, a su rendre cet échange chaleureux. Il y a des avantages à partager ses impressions de lecture en groupe. Par exemple, tel détail de l’œuvre qui nous a échappé ou semblé confus peut être mieux compris au contact des participants, ce qui contribue à approfondir nos connaissances sur la culture d’un peuple, sur ses croyances, ses souffrances, voire son sens de l’humour.

De quoi avons-nous discuté ? Du mode de vie, bien sûr, de la pauvreté, de l’injustice, de la solidarité du peuple haïtien, de la place de la mère. Mettant en scène des personnages qui éprouvent toutes sortes de difficultés, les récits de Danticat nous font réfléchir sur la survie et la résilience, sur « ce qu’il faut pour vivre », pour reprendre le titre du film de Bernard Émond. Comment un peuple peut-il vraiment évoluer quand la corruption est davantage au rendez-vous que l’exercice sain du pouvoir ? Dans quelle mesure les très nombreux organismes d’aide internationale sont-ils des réponses aux besoins criants des Haïtiens ?

On ne peut refaire le monde en discutant. Toutefois, à une époque où tant de victimes de guerres sanglantes sont déplacées à travers le monde et où les catastrophes naturelles s’ajoutent à la misère, la réflexion sur ces tragédies à l’aide de sources d’information aussi sensibles qu’une œuvre littéraire ne peut que développer en chacun de nous compassion et engagement citoyen.

Lorsqu’on se demande à quoi sert la littérature, la réponse peut se trouver dans une telle expérience de partage. Elle nous ouvre sur le monde, nous confronte, nous submerge. Elle peut nous conduire à transformer notre vision des choses et à nous engager pour changer le monde, même si la portée de nos actions peut être très limitée. À la fin de cette rencontre, un lecteur ayant participé à toutes les discussions s’est exclamé : « J’ai l’impression d’avoir fait le tour du monde en restant bien assis sur ma chaise ! » Cela ne signifie pas pour autant que les récits de Danticat nous laissent « confortables », bien au contraire !

En janvier dernier, nous avons eu l’occasion de découvrir l’œuvre d’une auteure japonaise, Aki Shimazaki, intitulée Mitsuba. Un immense merci au Service scolaire et à la Bibliothèque municipale qui rendent possibles les activités du Cercle de lecture. Au plaisir de vous y rencontrer !

La Mosaïque (92, rue Murdoch, 819-763-2263)


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