En tant que jeune féministe, je peux dire que s’afficher féministe en 2017 implique encore beaucoup de justifications. Ça demande évidemment de défaire plusieurs mythes et préjugés, en plus de rassurer les gens : « Non, nous ne haïssons pas les hommes. Non, nous ne voulons pas la suprématie de la planète, l’équité nous suffit amplement. »

Quand on observe attentivement les revendications des luttes féministes, on réalise, d’une part, que les retombées sontsociales et, d’autre part, que plusieurs luttesbénéficient à l’ensemble de la population.La lutte pour l’augmentation du salaire minimum en est un exemple. Alors, comment peut-on détester, en 50 nuances, les féministes? Comment peut-on haïr celles qui prônentun changement de structures sociales de façon pacifique? Être en désaccord, à la limite, je peux comprendre, mais nous haïr?

Je ne comprends même pas que l’on puisse trouver que le féminisme est dépassé quand nos voisins du Sud ont éluun gouvernement qui méprise ouvertement les femmes, incite à la culture du viol et signe un décret limitant l’accès à l’avortement. Plus que jamais, je tiens aux militantes comme Louise Desmarais.

Quand le gouvernement américain rêved’ériger un mur pour se « protéger » des immigrants et méprise les autres cultures, que la Russie s’apprête à décriminaliser la violence conjugale, ça me rassure qu’il existe des mouvements de solidarité comme la Marche mondiale des femmes, où nous portons des revendications mondiales communes.

Quand les femmes représentent 50 % de la population, qu’elles sontmoins de 30 % à l’Assemblée nationale, je salue le travail et la détermination de Françoise David,qui nous a montré qu’il est possible de faire de la politique autrement.

Avez-vous déjà observé la quasi-absencedes réalisations importantes menées pardes femmes dans les livres d’histoire?Je suis reconnaissante que Micheline Dumont nous aide à porter fièrement notre devise Je me souviens.J’aime me souvenir des luttes portées par « les vieilles féministes ». Ça me fait réaliser à quel point nos acquis sont fragiles quand il est question de sortir dans la rue, encore en 2017, pour un salaire minimum décent, pour le droit à l’avortement ou pour dénoncer la culture du viol.

Parfois, la haine est causée par la peur et l’incompréhension. Il y a aussi une peur de perdre ses privilèges au profit d’une autre personne, une femme en l’occurrence, ou des préjugés à son égard qui ne sont causés que par l’ignorance. Mais ces justifications ne doivent en aucun cas légitimer des comportements rétrogrades à l’égard des femmes ni mener à des formes d’intimidation, ni au travail ni ailleurs. Malheureusement, en région comme ailleurs, l’antiféminisme existe.

Pour terminersur une note plus amusante, dites-moi franchement, de vous à moi, comment peut-on haïr celles qui ont revendiqué la libération sexuelle des femmes?

L’auteur est féministe, militante, travailleuse au Centre Entre-Femmes et tellement d’autres choses!


Auteur/trice