Trois lectures d’été. Rien de léger, ce n’est pas de la chick-litt, avec la fille en voyage avec des amies qui trompe son chum. C’est plus fort que du Musso. Mais ça peut bien se lire cet été, un verre en main, dans une chaise longue.

Décadence

Commençons par le plus costaud. J’ai terminé plus tôt ce printemps un essai passionnant du philosophe Michel Onfray. Son sujet : l’histoire et le devenir de la civilisation judéo-chrétienne, la nôtre, l’Occident. Le titre : Décadence. Ça en dit long déjà. La thèse : comme la Mésopotamie, comme Rome, après des phases d’élan et d’apogée, la civilisation occidentale est en régression et vouée à disparaitre. Onfray offre un livre passionnant, très érudit. Voici une démarche fascinante et une tonne d’informations sur l’histoire de l’Église, des Lumières, de la Révolution française et des aventures communistes et fascistes, de l’islamisme des dernières années. Depuis 2000 ans, des évènements marquants, des tendances lourdes ont forgé l’Occident, mais aussi ouvert des brèches dans ce socle judéo-chrétien. L’Occident va donc disparaitre. La date n’est pas connue. Onfray n’est pas optimiste ni même pessimiste. Il se dit tragique : il constate, c’est tout, sans état d’âme.

 

Quand sort la recluse

Cet été, il vous faut lire Fred Vargas, l’inventrice du rompol, style policier rempli de finesse, de poésie et d’humour. Les titres abondent, mais elle vient de publier la dernière enquête de Jean-Baptiste Adamsberg, son héros fétiche, toujours aussi erratique, toujours commissaire de la Brigade criminelle : Quand sort la recluse. Du solide.La brigade et son appareillage hétéroclite — Danglard, Veyrenc, Retancourt… — se retrouve aux prises avec une hécatombe de personnes âgées qui aurait été tuées par une araignée, la recluse. Mystère. Parce que la bestiole reste généralement très peureuse et peu venimeuse. Mais Adamsberg, avec ses intuitions curieuses et ses bulles de gaz qui s’entrechoquent dans sa tête, voudra prouver que ce sont des meurtres bien réels. S’ensuivra un récit palpitant, déroutant, par moments glaçant. Et toujours avec cette intelligence et cet humour dans l’écrit et les dialogues. Ça se lit d’une traite!

 

Le plongeur

Pour finir, un roman québécois, gagnant du Prix des libraires. Le premier de Stéphane Larue, Le plongeur. Nous voilà l’univers des restos de Montréal et de leurs cuisines. Ça nous change de Ricardo. Plus trash. La cuisine perd de sa poésie. On suit les quelques semaines de ce jeune homme cégépien qui est embauché par un restaurant de Montréal à la plonge, juste avant les Fêtes de fin d’année. Ce sont les tables pleines, les files d’attente, c’est la vaisselle qui s’accumule. Mais ce plongeur voit sa vie prendre le champ. Il joue aux machines, il perd ses paies et s’enfonce dans le mensonge. On réussit à s’attacher aux personnages, on s’imprègne de cette atmosphère des bars des rues Saint-Denis et Ontario. Un roman aux relents un peu glauques, aux dialogues crus et d’où surgit quand même la lumière. On y croit.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.