Au fil du temps, comme toute chose, les méthodes d’expression artistique ont évolué, nous offrant aujourd’hui une panoplie de styles modernes à découvrir. La perpétuelle présence de l’art dans la vie de l’homme est quant à moi causée par notre fascination envers les messages et les émotions véhiculées par les artistes. C’est donc ce profond ancrage de l’art dans la société qui a permis de voir naitre des formes d’art modernes. Un exemple de ce genre de poussée contemporaine est le Valdorien d’origine Joël Proulx-Bouffard et sa création, le robot-peintre Jackson Bollock.

L’automate tient son nom de sa proximité avec les œuvres du populaire expressionniste Jackson Pollock. Érigé en majeure partie à partir de blocs Lego, il est l’incarnation de la passion de jeunesse de M. Proulx-Bouffard. Le robot travaillant à l’aide de moteurs, de capteurs et d’un microprocesseur est complètement autonome dans sa démarche créative. Comparable à un organisme unicellulaire, ce robot n’a pour seule fonction que d’effectuer de simples gestes. Il s’agit de manière générale de traits et de formes géométriques simples auxquelles son créateur donne un sens par la parole dans un duo créatif.

La création des toiles est très longue malgré son automatisation, soit entre 6 et 8 heures par œuvre pour obtenir quelque chose d’assez dense. Jackson cumule aujourd’hui plus de 400 heures de travail, lui qui est le fruit de deux ans de construction. Ne possédant que quelques bases dans le domaine, Joël Proulx-Bouffard a dû effectuer de nombreuses recherches par lui-même pour réussir à faire voir le jour à son robot. « Vive Internet! », scande-t-il en riant lorsqu’on le questionne sur sa démarche de montage, lors du festival Harricana de Vassan.

Ce robot et ses toiles sont en elles-mêmes de grandes réflexions, puisque l’essentiel du projet est de faire réfléchir. L’artiste remet en question la place des automates dans l’art et la société, car lorsqu’on y réfléchit, ils prennent de plus en plus d’espace. Que ce soit au restaurant ou dans la production, les recherches ou le stockage de données, l’informatique et l’automatisation prennent une place importante et rien ne freinera cette évolution.

Dans la présente situation, on pourrait croire que même si le génie créatif peut être reproduit artificiellement, le paroxysme de cette présence robotique est atteint. C’est exactement le genre de réflexions que Joël Proulx-Bouffard cherche à susciter. Ce qui le pousse à développer et remettre en question ce sujet, c’est sa fascination envers l’horizon de l’homme en corrélation avec celui de l’informatique. Le terme exact pour y faire référence est la singularité informatique, soit le moment où l’intelligence artificielle aurait une place assez importante dans la société pour y causer de nombreux changements.

« À ce moment-là [la singularité informatique], si l’ordinateur est plus intelligent que nous, que deviendra l’être humain? Deviendrons-nous comme des fourmis aux yeux de l’ordinateur? C’est ce que je cherche à développer », explique passionnément l’artiste.

Dans toutes ses toiles, les rôles de l’homme et la machine sont inversés. À l’habitude, l’homme crée sur une toile tissée par une machine, alors que pour ses œuvres, un robot peint sur une toile faite à la main. C’est une excellente façon d’illustrer ses dires, par un exemple de supériorité informatique dans ses créations.

Outre Jackson, le marginal Proulx-Bouffard explore aussi l’exposition de pixels. Pour ce faire, il établit une importante focalisation sur une image pour pouvoir y distinguer les pixels physiques, qui sont rouges, verts et bleus. Par la suite, il imprime le résultat en très grand format, de manière à ce que de près, on ne voit que les pixels, puis qu’à une certaine distance, on soit capable de distinguer certaines parties des images. De plus, on peut y découvrir que même l’effet « noir et blanc » est constitué de couleurs. Cet art offre une différente perspective sur le numérique, soit celle du très petit, qui est la base de tout ce qu’on peut voir sur un ordinateur. L’autre avenue explorée par l’artiste est celle de l’animation. Il est normal pour lui de développer ce domaine, puisqu’il a réalisé des études en animation 2D et 3D. Il présente des œuvres vidéos pouvant être affichées chez soi, par exemple. Il confie que la plus grande difficulté de ce projet est de ne pas être publicitaire et que les vidéos ne cherchent pas sans cesse à capter l’attention, comme une télévision le fait. « Il faut qu’elle [l’œuvre vidéo] puisse vivre tranquillement avec toi », explique-t-il.

Joël Proulx-Bouffard est un artiste à connaitre, notamment à cause de la marginalité de ses idées. Il est fascinant de découvrir des formes d’art dites modernes et cet artiste en est un brillant exemple. Pour en savoir plus sur ses œuvres, visitez son site Internet : joelpbouffard.com.  

POUR LE WEB

https://vimeo.com/54066418


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