Dans le sport professionnel, le dopage est une triste réalité. Et l’haltérophilie fait partie de ces disciplines lourdement affectées par l’usage répandu de substances illicites qui permettent de booster les performances. Cela dit, pour la Rouyn-Norandienne et haltérophile Christine Girard, il n’y avait qu’une seule option : ses résultats seraient l’œuvre de son talent et de son travail acharné, et non celle de substances chimiques.

Aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, elle a terminé au 4e rang, une position qu’elle qualifie de défaite crève-cœur pour une athlète olympique. Persévérante et déterminée, Girard a été de la compétition pour les Jeux olympiques de Londres, en 2012, où elle a réussi à grimper sur la troisième marche du podium. Mais parfois, les médailles viennent plus tard.

C’est en 2016 que se produit tout un revirement de situation. Huit ans après les Jeux de Pékin, Christine Girard apprend qu’elle met la main sur la médaille de bronze après le contrôle antidopage positif de la médaillée d’argent. Quatre ans après les Jeux de Londres, elle apprend que la médaille d’or lui revient aussi, puisque le test de ses deux rivales a été positif.

Quand vient l’idée…

C’est dans cette foulée médiatique que l’éditrice Amy Lachapelle a communiqué avec Christine Girard pour lui parler de son idée : un roman pour adolescents inspiré de sa vie. La planification de l’écriture s’est ensuivie avec la principale intéressée, et c’est à ce moment-là que l’haltérophile a réalisé qu’elle voulait vraiment écrire son histoire. Un nouveau projet était donc en branle pour l’athlète et les éditions Z’ailées.

« Amy m’a contactée à l’été des changements de médailles. Après avoir discuté avec elle, j’ai pensé à ces années-là, et je me suis dit que cette histoire valait la peine d’être partagée, et je voulais le faire à ma façon », précise Mme Girard.

Et le roman parle de…

« C’est un mélange de roman et de biographie dans lequel je raconte les quatre années les plus difficiles de ma vie, c’est-à-dire de 2008 à 2012. J’allais aussi à l’université, j’ai fait un burnout, j’ai déménagé en Colombie-Britannique, j’ai eu cinq entraîneurs différents. Bref, tout ça a été des étapes difficiles pour me rendre à une médaille », raconte-t-elle.

Quelques chapitres sont aussi consacrés à 2016 lorsqu’elle a appris le changement des médailles. Il y est question, entre autres, de l’impact qu’un podium aurait eu dans sa vie en 2008, dont la visibilité et l’accessibilité aux commanditaires ainsi qu’à l’aide financière, deux composantes qui auraient facilité son parcours pour se rendre jusqu’aux Jeux de Londres. De la défaite à la victoire est un titre qui, à son avis, représente très bien son cheminement à travers ces années de faux-semblants dans lesquels elle a trempé contre son gré.

Amy Lachapelle est persuadée que ce livre peut très bien être présenté dans les écoles et intéresser un large public.

Le processus d’écrire, c’est…

Au moment de l’écriture de ce roman biographique, les deux enfants de Christine Girard étaient âgés de 8 mois et 2 ans. Pour réussir à conjuguer le tout, il lui était plus facile de quitter temporairement la Colombie-Britannique pour s’installer avec les enfants en Abitibi-Témiscamingue, chez ses parents.

« Je suis restée là pendant un peu plus d’un mois. J’écrivais quand mes parents me le permettaient, pendant les siestes des enfants, entre les allaitements. »

La médaillée voit cette expérience comme une rétrospection intérieure des événements qu’elle a vécus pendant ces quatre années intenses dédiées à la compétition olympique.

« Écrire m’a permis de regarder l’athlète que j’étais d’un œil différent. Ça m’a permis de prendre du recul, de réaliser beaucoup de choses sous un angle différent, dont celui de maman et d’entraîneuse. »

L’écriture vient aussi avec son lot de défis. « Je voulais rester le plus authentique possible tout en protégeant les autres personnes qui font partie de mon histoire. J’ai donc changé des noms et laissé des choses de côté pour protéger la vie privée. »

Malgré cette sélection, Mme Girard mentionne que l’histoire qui en ressort est bel et bien la sienne et qu’elle est collée sur la réalité de son aventure olympique.

La sortie du roman De la défaite à la victoire est prévue pour le mois de mars. Ce sera donc une année 2018 très chargée pour Christine Girard qui attend aussi la venue d’un troisième enfant, qui recevra ses médailles au printemps et qui prépare un éventuel déménagement en Outaouais.


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.