Ce printemps, le Centre d’exposition d’Amos nous fait découvrir le travail de trois artistes remarquables. Chacune en son genre (intimiste, introspectif et spirituel), ces trois expositions portent à la réflexion. 

 

Carol Kruger, la magicienne

 

Quel qu’il soit, l’art est une façon de libérer les émotions. Voilà ce que figurent les tableaux de Carol Kruger.

 

Par sa façon de cadrer de façon rapprochée des objets du quotidien tels les draps du matin froissés sur le lit, la table mise pour quatre, une chaise, une fenêtre, une poignée de porte ou un escalier, l’exposition La lumière chez-nous de la sculpteure et peintre Carol Kruger nous plonge dans l’intimité, le temps présent et la beauté des petites choses du quotidien.

Originaire de Béarn au Témiscamingue, diplômée en arts plastiques et en peinture et membre du collectif L’Atelier Cent Pression, Carol Kruger a participé à plusieurs expositions de groupe et individuelles au Québec, au Canada, en Argentine et en France. Ses œuvres ont d’ailleurs remporté de nombreux prix.

 

« Je peins la lumière accueillante qui fait naître des couleurs chaudes dans un coin de mon quotidien. Ce n’est pas moi qui investis mes tableaux d’une charge émotive, mais curieusement des atmosphères mystérieuses surgissent de celles-ci », explique l’artiste. Ce n’est pas elle, d’accord, mais l’émotion serait absente, n’eût été son intervention sur ces éléments du quotidien pour en faire des mises en scène : « Les effets dramatiques combinés avec l’image banale créent une ambiguïté dans cette simplicité. »

 

En effet, de ses tableaux, qui se rapprochent du style de l’espagnol Juan Gris avec son tableau Nature morte (1913), surgissent des émotions. Et ce prodige s’accomplit grâce au pinceau magique de l’artiste Kruger.

 

Mathieu Gotti, le sculpteur patenteux

 

C’est dans un avenir imaginé que l’exposition Se prémunir contre l’irrationnel montre des animaux qui, après l’extinction de l’humanité, se servent des inventions de l’homme pour s’adapter aux perturbations irréversibles d’une nature qui s’en va à sa perte. 

Issues d’un savoir-faire traditionnel relié à la taille directe sur bois, les sculptures de Gotti créent un contraste avec notre époque tout en établissant un lien naturel avec le spectateur.

La tour d’eau et les lapins, le lévrier anarchiste, le singe noyé sous les ressources, Neil l’ours astronaute, le cerf avec sa veste de sauvetage pour échapper à la montée des eaux, la souris et la fusée pour quitter la terre… Tous ces éléments mis ensemble se transforment en un solide argumentaire environnemental. En montrant l’état chaotique dans lequel les animaux sont pris, l’exposition nous amène à réfléchir sur le développement industriel et notre consommation énergétique.

Frank Polson, le shaman des temps modernes

 

L’artiste peintre et sculpteur algonquin originaire de Winneway Frank Polson a redécouvert sa propre identité et s’est approprié son héritage culturel d’une manière que ses aînés n’auraient jamais pu imaginer. 

 

Ses tableaux de style Woodland aux couleurs vives et aux images figuratives modernes évoquent les mythes et légendes des premières nations. « J’illustre avec force et réalisme les activités quotidiennes, la faune du Nord-Ouest québécois et la spiritualité traditionnelle empreinte de légendes et de transformations chamanistes », explique l’artiste.

 

Fort de son amour pour la nature et pour l’art qui l’a aidé à surmonter les problèmes d’alcool et de drogues qui l’avaient jadis conduit derrière les barreaux, l’artiste confie : « La situation des jeunes m’interpelle profondément. Je suis toujours heureux de partager mon expérience avec eux et leur raconter à quel point l’art m’a aidé à me libérer et à accéder à une vie saine remplie de découvertes. »

En plus de la série Les 7 grands-pères, l’exposition nous fait découvrir deux des plus récentes œuvres de l’artiste : l’une conçue pour un monument commémoratif de l’École nationale de police du Québec à Nicolet et l’autre pour la Monnaie royale canadienne.


Auteur/trice

Ingénieur forestier pour Domtar Woodlands, la Société d’État REXFOR et puis à son compte, Gaston a pris sa retraite en 2006. De retour sur les terres de sa jeunesse et fort d’un baccalauréat en Études littéraires, il se consacre à l’écriture tout en collaborant avec L’Indice bohémien depuis 2016 à la rédaction de textes et à la distribution du journal.