Le 19 mai dernier, en fin d’après-midi, avait lieu dans la salle du Conservatoire de musique de Val-d’Or une rencontre extraordinaire, un étrange et merveilleux rendez-vous entre la musique classique de la période de la Renaissance française et la musique quelque peu débridée de notre patrimoine rural québécois. Le concert Je me souviens nous a présenté un historique de l’évolution de notre cheminement musical folklorique depuis la Vieille-France jusqu’à nos jours.

Qui aurait cru qu’un jour, on verrait sur la même scène des violonistes et des violoneux, des musiciens à l’œil et des musiciens à l’oreille, des partitions rigoureuses quasi métronomiques et des tapages de pied presque indisciplinés? Quel heureux et poétique mélange! Une révélation. 

Pour nous mettre en appétit et bien annoncer le thème du spectacle, le groupe Racine Carrée, avec guitares, violons et accordéons, était déjà installé sur scène et jouait avant même que nous prenions siège dans la salle. Après quelques bons vieux reels irlandais nous rappelant les soirées du bon vieux temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaitre, Isabelle Trottier, celle qui a eu l’heureuse idée de marier classique et folklore et qui dirige la chorale, s’est adressée au public pour expliquer les lointaines origines de notre musique traditionnelle québécoise, depuis la Renaissance française jusqu’à nos jours.

La chorale est alors venue nous donner un exemple de la musique française du XVIe siècle sous les arrangements de Gilbert Patenaude. Puis, faisant un bond dans le temps, l’ensemble de violoncelles a pris la relève avec Un Canadien errant, Vive la Canadienne et À la claire fontaine. Racine Carrée est revenu se dégourdir les lèvres, les doigts et les pieds avec trois autres reels. 

Ça n’arrêtait pas, de nouveau la chorale est entrée en scène avec entre autres La Bonne Chanson de l’abbé Gadbois et Le merle du fameux Lionel Daunais (« Mon merle a perdu son bec », vous connaissez?). Ékatérina Mikhaylova-Tremblay se faisait énergiquement courir les doigts sur le clavier. Puis, les cordes sont revenues. Les Fous de Vassan ont replanté Le chêne de Gilles Vigneault, et la chorale a rappliqué avec I went to the market et le classique Jack Monoloy du même Vigneault. Pour finir, encore les merveilleux Fous de Vassan avec La mine Beattie de Michel Girard et un reel des Charbonniers de l’enfer. 

Je vous le dis : en huit volets, tout a été dit, joué et chanté. Je suis sorti du Conservatoire avec la danse aux oreilles et la musique aux pieds, pour virer la métaphore de Gilles Vigneault à l’envers. Cette fin d’après-midi-là, au Conservatoire, « oui, je l’aurai dans la mémoire longtemps ».


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