Osons créer, c’est le titre très inspirant d’une conférence donnée le 15 mai dernier à la Salle Desjardins de La Sarre par Gilles Ste-Croix, cofondateur avec Guy Laliberté du Cirque du Soleil. Ce beau moment nous était offert par la MRC d’Abitibi-Ouest, simplement pour nous rappeler que, d’où que nous soyons, chacun peut accomplir de grandes choses. Il faut simplement de l’ouverture, de l’envergure et une bonne étoile pour nous guider vers la création lorsqu’elle nous appelle de tous ses vœux. Pour ceux qui se sentent concernés par ces propos, cela s’avère être une révélation.

« LE POINT DE VUE DE L’OISEAU »

Ce merveilleux original, nommé Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec en 2016, se distingue par un parcours hors du commun. Jeune adulte, il a vécu à une époque où il était permis de rêver, car en 1970 émergeaient de nouvelles valeurs rassembleuses, des élans du cœur qu’on prenait le temps de vivre et qui nous permettaient de croire qu’on pouvait vraiment changer le monde. « Pour embrasser l’horizon, il faut s’élever », dit-il en citant Lao Tseu. Et c’est ce qu’il a fait. Au sens propre comme au sens figuré. 

UN ÉCHASSE-O-THON COMME MOYEN DE FINANCEMENT

Les échasses procurent un avantage certain. Non seulement, elles donnent accès à l’inatteignable, mais elles offrent une vision en hauteur plus large et transforment l’angle d’observation et les perspectives. En mai 1979, déterminé à financer son projet de théâtre avec Les échassiers de Baie-St-Paul, groupe qu’il venait de fonder, Gilles Ste-Croixil a décidé de parcourir, sur des échasses, les 90 kilomètres qui séparaient Baie-St-Paul de Québec. 

Il fallait qu’il se démarque. Il fallait qu’il accomplisse un exploit capable d’attirer l’attention des médias sur lui. Et ça a fonctionné. Voici un extrait du récit biographique relatant cet épisode : « J’étais vraiment dans un état particulier, dominant le paysage jusqu’à l’horizon, sur le fleuve. La citation de Lao Tseu me trottait dans la tête et je me demandais où cette folie allait me mener.J’avais les cuisses et les mollets en feu, mais ma persistance n’était pas ébranlée. Il me passait plein de choses en tête, comme si j’étais en pleine méditation. » (Citation tirée de Ma place au SOLEIL,soleil : récit biographique d’un des fondateurs du Cirque du Soleil par Gilles Ste-Croix paru aux éditions La Presse en 2016.) 

Un rêve éveillé, à ciel ouvert sur l’imaginaire. Voilà comment les idées nous amènent ailleurs, jusqu’au dépassement de soi qui nous soulève, nous renouvelle et modifie la perception que nous avons des contextes, des situations sans issue. 

LUTTER CONTRE LE VIEILLISSEMENT

Les idées véhiculées par la contre-culture ont évidemment modelé la créativité de Gilles Ste-Croix qui affirme qu’il faut, au mieux, pouvoir découvrir ce qu’on aime dans la vie. C’est en renouant avec ses racines et en faisant confiance à son instinct qu’on peut survivre aux sensations de naufrage, aux errances possibles.

En 2011, il fonde le Circo de los Niños, une école de cirque pour enfants, au Mexique. « En utilisant les techniques du cirque, les enfants apprennent le respect, le dépassement, le partage et l’engagement. Ils s’initient aux arts de la scène. Ils apprennent que la création est un état rempli d’amour » et lui, à travers cette ultime expérience avec des enfants, il apprend que « lutter contre le vieillissement, c’est ne renoncer à rien ». Il faut oser et se lancer. Changer les règles, feindre l’assurance s’il le faut et dire : « Oui, ça m’intéresse. Oui, je suis disponible. Oui, je veux le faire. »

Alors, osons créer. Osons nous démarquer et poser notre signature sur ces audacieuses actions qui nous ressemblent et nous rassemblent parce que nous nous y reconnaissons et que nous nous y accomplissons. 


Auteur/trice

Chroniqueuse autodidacte pour L'Indice bohémien et pour le Journal Le Pont de Palmarolle. Les sujets couverts touchent, entre autres, l'actualité, la lecture, le jardinage, le végétarisme, l'interprétation de l'objet patrimonial, les arts visuels, le portrait, l'amour de la nature et de la culture. Prix de l'AMECQ 2019 pour la meilleure chronique Notre région a cent ans.