On n’est jamais seul quand on lit. On ne s’ennuie jamais non plus. Vivement l’été et la lecture, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve. Moins d’écrans, plus de papier, parce qu’un livre se plie, se corne, se casse, se lit, se vit.

I. SAPIENS

C’est un essai de Yuval Niah Harari, dont j’ai déjà parlé d’un autre ouvrage, Homo Deus, dans une chronique de 2017 intitulée Le pire des mondes. Voilà une lecture véritablement passionnante d’un portrait de l’évolution de l’homme : révolutions cognitive et agricole, industrialisation, numérisation et virtualisation. Harari répond à des questions fondamentales : comment Sapiens a-t-il pu dominer la Terre? Comment a-t-il fait pour créer villes, royaumes et états, mais aussi des concepts comme la religion, la monnaie, le droit, la nation? Un livre d’un grand historien, accessible, érudit et qui porte des réflexions et des thèses innovantes sur le passé de l’Homme – par exemple, pourquoi l’Occident a-t-il dominé une bonne partie du monde? – tout en mettant en question l’avenir qui s’annonce. Un succès rare pour ce genre littéraire : toujours dans les meilleurs vendeurs en France, trois ans après sa parution.

 

II. COULEUR DE L’INCENDIE

C’est la deuxième partie d’une trilogie de Pierre Lemaitre, qui peut quand même se lire indépendamment. L’histoire reprend aux funérailles du père d’un des héros du premier volet. Le défunt était riche et puissant. Sa fille est là, le Tout-Paris également. Le petit-fils commet un geste épouvantable et l’histoire démarre. La narration est la force de ce roman : lumineuse. Elle fait souvent sourire, parfois rire. Lemaitre a ce don d’utiliser une langue riche, certes, mais de lui donner des élans d’oralité, de brillante simplicité. On passe un bon moment à connaître ses nombreux personnages, qu’il prend le temps de dessiner. Et en trame de fond, la montée longue et sourde des troubles qui mèneront à la Deuxième Guerre mondiale.

III. LE TOUR DU MONDE DU ROI ZIBELINE

Une œuvre de Jean-Christophe Rufin, médecin, ancien ambassadeur, mais surtout, membre de l’Académie française. C’est du sérieux. Ce livre romance la vie de l’explorateur et aventurier Maurice Beniowski, connu pour son expédition de colonisation de Madagascar dont il aurait été proclamé comme l’un des rois par des chefs insulaires. Il a aussi été le premier Européen à naviguer dans le Nord-Pacifique, après s’être évadé d’un bagne russe aux confins de la Sibérie. 

Dans ce roman, Auguste Benjowski et sa femme Aphanasie se rendent aux États-Unis pour rencontrer Benjamin Franklin et lui raconter leurs aventures. Ode au voyage et à l’exotisme, à l’érudition, au courage et à la force des convictions, ce livre enchante aussi par la plume fine, colorée, imagée de Rufin. Une belle lecture, agréable et dépaysante.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.