L’Abitibi-Témiscamingue possède une des plus grandes réserves de terres arables au pays. Les sols argileux de la région sont des sols intrinsèquement fertiles et présentent un très grand potentiel de productivité à partir du moment où on s’affranchit des limitations causées par un drainage bien souvent déficient en conditions naturelles. Toutefois, ces sols sont très fragiles. Ils peuvent facilement rencontrer des problèmes tels que la compaction, la détérioration de leur structure, l’acidification et la diminution de leur teneur en matière organique. 

L’Atlas climatique du Canada récemment publié en ligne présente de nombreuses cartes interactives qui déploient des renseignements sur le climat dans un avenir immédiat (2021-2050) et un futur proche (2051-2080), et ce, pour des scénarios de réchauffement moins sévères et plus graves. On y apprend que d’ici 30 à 50 ans, le nombre d’unités thermiques maïs, la durée de la saison de croissance et le nombre de jours très chauds (en haut de 30 °C) en Abitibi et au Témiscamingue se rapprocheront des conditions actuellement observées dans la région de Montréal et de la Montérégie. À l’ère des changements climatiques, le milieu agricole témiscabitibien fait face à de belles occasions et à de nombreux défis.

Avec l’évolution du climat futur et le potentiel des sols de la région, nous pourrons possiblement produire davantage de denrées, faire l’essai de nouvelles espèces ou de nouveaux cultivars, accroître les rendements des productions courantes et développer de nouveaux marchés. Par contre, il faut s’attendre à davantage d’évènements extrêmes tels que des épisodes de sécheresse et de pluies abondantes. Comment tirer avantage des conditions climatiques pour exploiter le plein potentiel des sols et accroître la production agricole tout en se protégeant contre les risques et les dommages associés aux évènements extrêmes? C’est un grand défi à relever et une des solutions pour y arriver passe par la gestion de la matière organique du sol.

La matière organique du sol permet d’accroître le développement de la structure et la macroporosité, ce qui favorise la croissance des racines et l’infiltration de l’eau en profondeur. Elle agit comme réservoir d’éléments nutritifs, stimule la vie microbienne du sol et permet de stocker du carbone pour compenser les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. À l’ère des changements climatiques, peut-être faudra-t-il adapter nos pratiques conventionnelles, opter pour des pratiques de conservation du sol et diversifier nos systèmes de culture. Chose certaine, pour exploiter le plein potentiel des sols agricoles en Abitibi-Témiscamingue et en préserver la qualité pour les générations futures, il faut miser sur des stratégies de gestion qui visent à maintenir, voire à augmenter, la teneur en matière organique en surface et en profondeur dans le sol, car après tout, la matière organique, c’est la vie du sol!