Du 15 au 19 octobre dernier, le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue conviait la population à la tournée Avantage numérique, une journée de formation sous forme d’ateliers offerte dans les cinq MRC et visant à aider les membres de la communauté culturelle à mieux comprendre les enjeux de la communication liés au numérique. La formation Les métadonnées et le référencement (ne pas s’arrêter à l’apparence austère du titre) donnée par Marilyne Veilleux, diplômée en sciences de l’information à l’Université de Montréal, a su bien démontrer pourquoi la plupart des organisations culturelles de la région n’ont que très peu de, voire aucune, visibilité sur le web, et ce, même s’ils ont un site web et qu’ils sont actifs sur les réseaux sociaux. Nous vous présentons ici un condensé de plusieurs renseignements importants transmis par Mme Veilleux lors de sa conférence.

PARLER À LA MACHINE
Avec l’évolution des algorithmes (les règles de programmation qui guident l’affichage des contenus dans les médias numériques tels que Google, Facebook et autres), ce ne sont plus les contenus les plus crédibles, ni les plus pertinents, ni même les plus populaires qui ressortent du lot : ce sont ceux qui sont interprétés par « la machine » (le terme englobe ici l’ensemble d’Internet) comme étant les meilleures recommandations à présenter à une personne par rapport à son profil personnel. Notre profil personnel est généré et de façon évolutive selon l’utilisation que nous faisons de nos plateformes numériques; il n’est ni accessible ni modifiable, et il nous suit sur les divers appareils que nous utilisons.

Les médias numériques présentent donc le contenu qu’ils considèrent comme étant le plus pertinent pour une personne. Ainsi, pour qu’un contenu soit sélectionné parmi ce qui est présenté (lors d’une recherche Google par exemple), « la machine » doit pouvoir reconnaître sa nature. Or, c’est là que le bât blesse; « la machine » n’a que faire de ce que nous, humains, voyons sur nos écrans. Elle n’y reconnaît absolument rien, c’est pour elle un gros canevas blanc. Ce qu’elle reconnaît en revanche (du moins jusqu’à ce que la technologie évolue encore), c’est l’information consignée dans les métadonnées, c’est-à-dire des renseignements non affichés à l’écran, non visibles pour l’utilisateur, inscrits à même le code. « Le verso de la page », comme le dit si bien Mme Veilleux. Notez que les métadonnées sont différentes des mots-clics (hashtags) et des mots-clés qui, eux, viennent catégoriser le contenu pour l’humain et non pour « la machine ».

DES GESTES À POSER
La plupart des sites web ne comportent pas de métadonnées. En fait, c’est encore tellement récent comme façon de procéder que la pratique professionnelle chez les concepteurs web n’a pas encore été totalement adaptée. Tous savent pourtant comment procéder, mais le client doit le demander. Et comme il s’agit d’une charge de travail supplémentaire à la réalisation d’un site web de base, des frais sont à prévoir. Pour ceux qui ont déjà un site web et qui désirent investir un peu d’argent, il est recommandé d’aller voir son fournisseur et de lui demander d’inclure les métadonnées (ce sera plus ou moins complexe à faire selon les situations). Pour ceux qui prévoient refaire leur site web, il faut demander à ce que l’inscription des métadonnées soit prévue aux travaux à effectuer. Notez que certains outils, comme le vocabulaire Schema, ont été développés afin de conformer la présentation des métadonnées pour qu’elles soient facilement reconnaissables par les algorithmes des grands médias. Cet aspect doit également être abordé avec le fournisseur.

D’autres gestes peuvent être posés sans frais, comme se monter une page Wikipédia (les informations consignées sont automatiquement retranscrites en métadonnées), avoir un compte Google entreprise, un numéro ISNI (International Standard Name Identifier) ou inscrire ses productions sur IMDB. Il est aussi fortement recommandé de publier les vidéos sur YouTube (il s’agit du moteur vidéo reconnu par Google), même s’il faut les publier en double pour les réseaux sociaux.

DIRE LA BONNE CHOSE
Comme les métadonnées sont la fenêtre des algorithmes sur les contenus, il est crucial de bien choisir les données présentées. Et c’est un art en soit. Elles doivent représenter les faits saillants du contenu et ne pas omettre les éléments essentiels (comme le nom de l’artiste ou le titre d’une œuvre).

Face à tout cela, force est de constater que les technologies changent vite, qu’elles se mondialisent et que les artistes et les organismes de l’Abitibi-Témiscamingue ont besoin de soutien et d’accompagnement afin de tirer profit des nouvelles règles du jeu en matière d’accessibilité des contenus numériques. En ce sens, la semaine de formation Avantage numérique a été très enrichissante pour la communauté. Si la méconnaissance et la crainte sont des freins importants au développement numérique de notre région, la curiosité et l’audace des Témiscabitibiens sauront certainement avoir raison de ces barrières et nous mener loin sur la voie de l’innovation.

CULTURE3R : UNIR NOS FORCES POUR MIEUX PROMOUVOIR NOTRE CULTURE

On dit du numérique qu’il est un espace de collaboration; les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, d’Eeyou Itchee Baie-James et de l’Outaouais l’ont bien compris. Avec le projet Culture3R, ce sont trois régions qui mettent en commun leurs ressources afin d’améliorer la découvrabilité* de l’offre culturelle du Nord-Ouest québécois. Le projet est réalisé dans une philosophie d’inclusion et de concertation avec les gens du milieu. La forme du livrable n’est pas encore définie puisqu’il sera conçu en fonction des résultats des discussions, laissant toute la place à l’innovation. La fin de la phase 1 du projet est prévue pour le printemps 2019 avec la livraison d’un prototype. Ce prototype sera par la suite utilisé comme base de travail pour la phase de réalisation, qui est prévue dans les prochaines années.

* Selon le site web de l’Office québécois de la langue française, la découvrabilité se définit comme le « potentiel pour un contenu, un produit ou un service de capter l’attention d’un internaute de manière à lui faire découvrir des contenus autres. » Autrement dit, il s’agit de la possibilité d’être découvert sur le web par quelqu’un qui ne nous cherchait pas spécifiquement.


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