Julie Renault et Frédérik Fournier sont les instigateurs de Cor à contes. Les deux artistes originaires de l’Abitibi-Témiscamingue habitent entre Montréal et leur région natale. Lorsque le spleen du retour en ville frappe, le moment devient propice à la réflexion et aux grands questionnements.

C’est à partir de là que le projet a pris forme. « On s’interrogeait beaucoup sur nos choix de vie, sur notre appartenance à la région. Pourquoi on a autant de difficulté à la quitter? Est-ce que c’est l’endroit d’où on vient qui façonne qui on est? Est-ce que devenir Montréalais, c’est trahir nos origines? On avait envie d’écrire là-dessus. Rendre hommage à tout ce qu’on aime et qui nous manque de l’Abitibi et du Témiscamingue. Ce qui nous touche, nous inquiète, les gens qui nous ont marqués », se rappelle Julie Renault, coconceptrice du spectacle, autrice et interprète.

J’ai eu le privilège d’assister à une représentation de Cor à contes en septembre dernier, lors des Journées de la culture. Le spectacle a dû être déménagé à l’intérieur, sans la vraie odeur du feu, car l’automne nous était tombé dessus d’un coup. Cependant, j’ai quand même ressenti toute la magie de ce spectacle. J’ose imaginer ce que ça doit être dans le décor changeant de la nature témiscabitibienne : un bord de grève avec le soleil qui tombe sur le lac miroir, des jardins aux fleurs lourdes, une forêt aux formes mystérieuses.

Mère terrible, j’avais « obligé » mes apprentis ados à m’accompagner. Après trois minutes, ils étaient sous le charme, eux aussi. On était tous conquis, embarqués dans l’univers des mots, des images et des personnages de Frédérik Fournier, Julie Renault et Élisabeth Tremblay. Cinq contes théâtraux entrecoupés de chansons. Des récits où on se fait transporter à travers des visions apocalyptiques de ce qui pourrait advenir de l’Abitibi-Témiscamingue, comme dans ce conte où les gens vivent dans une ville souterraine. Ou est-ce plutôt des rappels de protéger nos richesses naturelles, comme dans cette histoire de bonnes sœurs qui cherchent par bien des moyens à défendre les eaux de l’esker? Très ancré dans la réalité de l’Abitibi-Témiscamingue, l’univers est captivant et provoque en même temps un malaise intérieur. Le questionnement est maintenant transmis au spectateur. Et l’avenir? Et ce territoire, qu’est-ce qu’on en fait? « Pendant la création, on s’est beaucoup renseigné sur l’actualité régionale. Face à tout ce qui se passe par rapport à la crise climatique, les problèmes environnementaux, la pollution, on s’est mis à s’inquiéter par rapport à la façon dont on exploite les régions sans se soucier parfois des gens qui habitent le territoire », précise l’artiste.

Fort de son succès de l’été dernier, le spectacle reprend la route en juin et en juillet. Il revient en Abitibi-Témiscamingue et sera aussi offert au public montréalais. « Le plus touchant, quand on fait Cor à contes, c’est quand les gens, au lieu de dire “bravo”, nous disent un sincère “merci” plein d’émotion. On sent que ce show est nécessaire, qu’il touche le monde », conclut Julie Renault. 

20 juin : Maison de la culture, La Sarre
21 juin : Cabaret de la dernière chance, Rouyn-Noranda

22 juin : Parc du centenaire, St-Eugène-de-Guigues
23 juin : Terrain de balle, Nédelec
24 juin : Musée de la gare, Témiscaming

https://theatreenquecpart.wixsite.com/theatre/en-creation 


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