Les cinq textes sur le Prix littéraire des collégiens ont été rédigés par des étudiants du programme Arts, lettres et communications du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la supervision de madame Stéphanie Hébert.

Solitude. Désert. Abandon. Trois termes qui définissent l’existence du narrateur du tout premier roman de Jean-Christophe Réhel, Ce qu’on respire sur Tatouine (Del Busso Éditeur. À travers les yeux d’un trentenaire, anonyme ou presque jusqu’aux dernières pages, l’œuvre expose le quotidien plutôt misérable d’un homme atteint de fibrose kystique. Gravitant du Super C à son sous-sol de Repentigny, en passant par l’hôpital, celui-ci, inspiré de Star Wars, rêve d’une existence meilleure sur une autre planète, Tatouine.

La structure du roman, dépourvue de chapitres et ne constituant qu’un seul bloc, reflète l’existence, en apparence désorganisée, du personnage principal. Étouffant par moments, ce choix stylistique évoque l’effet de la maladie sur le corps du personnage. Avec des touches humoristiques, l’auteur réussit toutefois à adoucir cet aspect oppressant. Aussi, c’est grâce à son langage métaphorique que Réhel, connu pour ses poèmes, réussit à séduire ses lecteurs : « Mon lit prend la forme de mon corps. Quand je marche, je prends la forme du trottoir. Quand je parle, je prends la forme des niaiseries que je peux dire. Je fais l’inventaire de mes médicaments. J’en ai tellement… »

À première vue, Ce qu’on respire sur Tatouine présente un personnage passif, voire inactif, face à la situation à laquelle il est confronté, ce qui peut rendre le lecteur plus indifférent. On y sent toutefois le refus de l’auteur de rendre son personnage tragique, héroïque ou encore de susciter la pitié. Grâce à la désinvolture de son antihéros, Jean-Christophe Réhel parvient à déconstruire les stéréotypes du combat contre la maladie.

Au bout du compte, cette œuvre remplie de sensibilité vient chercher le lecteur au moment où celui-ci s’y attend le moins. L’auteur tend vers un mode de pensée où l’être humain serait libre de vivre sans toutes les obligations sociales. Le narrateur souhaite simplement profiter de son dernier souffle sur Tatouine. Il veut respirer.


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