Les cinq textes sur le Prix littéraire des collégiens ont été rédigés par des étudiants du programme Arts, lettres et communications du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la supervision de madame Stéphanie Hébert.

La littérature a le pouvoir de transporter les lecteurs à un moment ou à un autre de l’histoire du monde. Le roman de Dominique Fortier Les villes de papier, paru en août 2018 chez Alto, retrace la vie d’Emily Dickinson, une poète américaine du XIXe siècle, du printemps de sa vie jusqu’à son décès. On la suit de son nid familial au séminaire, pour finalement la retrouver isolée dans sa maison, dévouée à l’écriture. On découvre sa vision unique du monde, comme à travers un kaléidoscope. Elle trouve dans la littérature une liberté : « Dans un livre écrit par un Français, ce soir-là, Emily lit l’histoire d’un Juif ayant vécu cent vies. Cent vies, la belle affaire. Et pas une fois il n’avait été un oiseau. »

En parallèle, certains passages illustrent les réflexions de la narratrice, un alter ego de l’auteure. Des anecdotes de sa propre vie, alternant avec la vie de Dickinson, signalent une quête commune d’un chez-soi où elles peuvent créer dans le dépouillement. D’ailleurs, le style léger de l’écriture facilite la lecture. L’ouvrage en soi adopte une allure d’antan, car la fleur séchée en couverture, les pages rugueuses et la douce odeur citronnée qui s’en dégage rappellent un vieux livre.

Le roman offre un récit apaisant qui mêle faits historiques et fiction, ce qui peut plaire à tous. Alors que les interventions de la narratrice semblent parfois interrompre l’intimité qu’a le lecteur avec Emily, elles peuvent aussi être vues comme un hommage à une écrivaine avec qui elle se sent liée, entre autres par l’admiration. Grâce à cet ouvrage, j’ai pu découvrir le monde intérieur d’une auteure et ses poèmes qui n’ont pas été appréciés à leur juste valeur à son époque. Le livre est rendu accrocheur par son personnage principal qui garde un esprit enfantin, par son innocence et sa pureté, préférant une vie simple en solitaire avec sa sœur, ses textes et son jardin.

Somme toute, le livre Les villes de papier de Dominique Fortier relate la vie d’une poète enfin reconnue qui, malgré un quotidien épuré, évoluait dans un univers complexe.


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