Après Les Bretelles à Mononc Jack et Les passes croches à Placide, Fort comme un Bronco deviendra le troisième épisode d’une trilogie cinématographique campée à Sainte-Germaine-Boulé, en Abitibi-Ouest, et qui aborde un nouveau volet de la colonisation.

« On essaie vraiment de reproduire l’univers des colonies, des camps de bûcherons. C’est parfois un peu difficile avec un petit budget, mais il y a là une belle trame représentée », affirme la coréalisatrice Julie Dallaire.

Dans le premier film, l’oncle Jack révèle le secret de ses bretelles magiques qui peuvent lui permettre d’avoir raison de presque toutes les difficultés, en plus de procurer une force surhumaine. Attention toutefois de bien les remettre dans leur coffre avant minuit! Dans le deuxième film, l’économie s’impose alors que se manifeste une rivalité commerciale entre deux clans. On y parle de corruption dans la construction d’un chemin qui rend pratiquement impossible le commerce du bois. Dans le dernier-né, l’agriculture est mise en vedette.

Étonnamment, le nouveau scénario écrit par l’organisateur communautaire de Sainte-Germaine-Boulé, Mario Tremblay, adapté par la suite pour le cinéma, n’est pas sans avoir un certain fondement dans l’actualité, dans la foulée de la controverse en lien avec l’agronomie.

« C’est tout l’avènement de l’épandeur à fumier qui est la base. Un agronome, qui s’appelle Passe-Poil, n’est pas satisfait du rendement des terres. Il imagine alors un épandeur à fumier, une technologie qui n’est pas rendue dans la région. La machine est toutefois tellement grosse que rien n’est capable de la déplacer. Il faut alors créer une bête assez grosse pour déplacer ce charriot et il faudra faire appel à l’insémination artificielle pour la meilleure génétique, ce qui est mal vu par l’Église », résume David Trempe, l’autre co-réalisateur.

Il s’agit d’un film communautaire, qui traite des thématiques de la colonisation. On y retrouve également des personnages caricaturaux incarnés par des comédiens amateurs, ce qui n’est pas sans défi. « Tous ne sont pas nécessairement à l’aise. Alors on tourne une scène, on la retourne, et on reprend encore. C’est aussi une manière de présenter comment fonctionne le cinéma, mais le but est surtout de garder une trace, pas nécessairement historique, mais pour les gens. Ça vient créer un sentiment d’appartenance », affirme David Trempe.

« Et nous avons même trois générations à l’écran dans le film Les passes croches », renchérit Julie Dallaire, attestant de l’implication de la communauté.

Le film sera présenté le 14 décembre prochain, à Sainte-Germaine-Boulé, à l’occasion de la fête des bretelles.


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.